Dis, qu’as-tu vu à la crèche ?

par 25 Déc 20212021, Homélies, Noël

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Dis, qu’as-tu vu à la crèche ?

J’y ai vu un monde en miniature: les montagnes, et la mer, et les arbres. J’y ai vu le blé qui pousse et les étoiles qui scintillent. Ce monde est petit, un seul regard l’englobe aisément, et il est si divers, si varié, il y a tant de choses ! Peut-être, Dieu voit-il notre monde comme nous regardons nos crèches: d’un seul coup et en s’y plaisant. En aimant ses détails. Oui, Dieu a fait notre monde comme nous faisons nos crèches. Il l’a fait avec amour et avec joie.

Et encore, qu’as-tu vu encore à la crèche ?

J’y ai vu des hommes. Qui travaillent, qui cherchent, qui parlent et qui se taisent. J’y ai vu des femmes avec leurs robes, des enfants avec leur jouets – j’y a vu la vie de nos cités. Sous les traits des provençaux d’autrefois j’y ai vu nos traits. Même si nous ne portons plus les mêmes vêtements – encore que nous, les ecclésiastiques, c’est à peu près pareille, le portables mis à part – nos existences sont si similaires. Le travail, les espoirs, les naissances et les décès, cette saleté de maladie qui nous guette, ces soubresauts politiques qui nous préoccupent – que ce soit en Palestine il y a deux mille ans, que ce soit dans la pastorale, que ce soit aujourd’hui, nos vies sont portées par les mêmes préoccupations. Et elles sont grandes, ces préoccupations: ce petit qui court, une fois adulte, sera-t-il heureux ? Nos parents qui vieillissent, comment les accompagner ? Et notre travail, est-il un simple gagne-pain ou a-t-il un sens ? Nos amitiés, nos amours – sont-elles un passe-temps ou ont-elles une portée qui dure ? Oui, dans la crèche j’ai vu notre vie. Celle que Dieu vient visiter.

Il n’y avait que des hommes à la crèche ? As-tu vu autre chose ?

Oh oui, j’y ai vu l’âne et le bœuf, et des petits moutons sans nombre, et des petites colombes. Ils sont très importants dans la crèche, tous ces êtres. Ils y parlent bien plus que dans nos vies ordinaires.

Mais que disent-ils ?

Les petits moutons nous disent que nous célébrons la naissance d’un vrai berger. Que chacun de nous a besoin de ses bras forts et tendres pour nous rattraper quand nous sombrons dans notre nuit. Les colombes nous disent que Dieu nous veut purs et libres. L’âne et le bœufs sont là pour nous rappeler la prophétie d’Isaïe : ils connaissent l’étable de leur maître. Saurons-nous reconnaître le nôtre ?

J’ai vu aussi une étoile qui brille, qui guide ceux qui cherchent l’Enfant de la Promesse. J’ai vu Joseph veillant sur la vie qui vient au monde. J’ai vu une femme donnant naissance à la grande lumière.

Cette lumière, l’as-tu vu à la crèche ?

Oui, et elle avait la forme d’un tout petit garçon. D’un nouveau-né emmailloté, couché dans une mangeoire. Tout petit, presque perdu au milieu de tous ces personnages, mais c’est lui qui en est le sens, c’est lui qui en est le centre. Tout vient de lui, tout tend vers lui. Il semble minuscule et sans intérêt à celui dont le regard ne fait que glisser sur la crèche, mais un cœur qui écoute en s’y penchant entend de grandes choses.

Qu’entend-il ?

Il entend le Verbe. L’Unique Verbe de Dieu éternel, celui qui vient dans le monde. C’est lui qui donne sens à nos vies : les montagnes disent sa grandeur, la mer dit sa puissance. Nos amours disent sa bonté, et nos peines disent sa compassion. La crèche entière – notre univers en miniature – le balbutie, ce Verbe, et lui il dit Dieu. Tout entier. Tout simple. Tout grand. Tout petit. Voilà ce que j’ai vu dans la crèche.  

Dieu, qui à bien de reprises et de bien de manières a parlé à nos pères, nous parlé par son Fils. Et nous avons vu sa gloire. Rayonnement de la gloire du Père, expression parfaite de son être, celui qui porte tout par sa puissance – voilà ce que j’y ai vu.

Et toi, dis, qu’as-tu vu à la crèche ?