Ce n’est qu’un os !

par 30 Août 20202020, Homélies, Temps Ordinaire

fr_dominique-benoit
Pourquoi tant de raffut pour des reliques ?! Et c’est quoi d’ailleurs ? un tibia, un fémur, un crâne, une mèche de cheveux ?
Je vous inviterai à vous avancer après la messe pour venir voir par vous-même mais la question n’est pas vraiment là. Les reliques ne sont pas là pour aider les étudiants en médecine à réviser leur anatomie…

Alors il faut faire quoi devant ? S’incliner, les toucher, les embrasser, les encenser, déposer une bougie devant, frotter son chapelet sur le reliquaire, les adorer ?
On peut les vénérer !

Mais ça sert à quoi ? Il faut faire un vœu, comme devant une étoile filante ? Après tout, ce sont les restes d’un cadavre, pas de première fraîcheur mais un cadavre tout de même ?!
Oui, le cadavre d’une sainte !

Mais Marie-Madeleine n’est pas réellement là, puisqu’elle est morte !
C’est toute la question de la communion des saints !

Les dévotions populaires et les démonstrations de piété peuvent prendre un tour assez déroutant pour nos contemporains. L’Église est, justement, forte de millénaires de pratique religieuse alors il serait assez stupéfiant de tout envoyer à la poubelle parce que cela nous heurte aujourd’hui.

Quel drôle de paradoxe : alors que le monde entier est la recherche de la moindre molécule d’eau sur la planète Mars, s’intéresser à un bout d’os serait d’un matérialisme immense !

Les évangiles seraient une invention mais le corps d’une des personnes ayant côtoyé Jésus ne serait pas une preuve suffisante. Leurs yeux auront beau regarder, ils ne verront pas.

Par Providence, les lectures de ce dimanche évoquent le corps : le prophète Jérémie, raillé par tous, ne peut s’empêcher de proclamer la parole de Dieu. Elle est un feu brûlant dans son cœur, elle est enfermée dans ses os.

Alors cette parole jaillit sur les lèvres du psalmiste qui élève les mains en invoquant le nom de Dieu notre Père.

Tout notre corps est appelé à s’offrir à Dieu par la prière, pour un sacrifice d’amour qui nous conduit au don de nous-mêmes jusqu’à la mort, jusqu’à la croix vers laquelle le Christ s’avance volontairement.

Cette croissance, en nous, de la vertu de charité doit nous conduire toujours plus à l’union à Dieu et à l’accomplissement de ses œuvres.

Quelles œuvres allons-nous aider à réaliser ? Un tel partira évangéliser le monde, un tel se donnera à sa famille, un tel aidera les plus petits, un tel fera régner la doctrine sociale dans son entreprise, un tel recherchera le bien commun et la justice dans ses responsabilités politiques.

Les trajectoires des saints sont myriades de myriades mais atteignent toutes le même but : Dieu.

C’est parce qu’ils sont maintenant unis au Seigneur, que leur âme se repose en Dieu seul que nous pouvons faire appel à eux pour qu’ils intercèdent pour nous.

Nous lisons souvent des extraits de leurs vies, nous admirons leur fidélité dans les épreuves, la conversion de leur volonté et de leurs mœurs. Et nous avons raison mais le Seigneur ne veut pas que nous soyons leur photocopie : s’ils y sont arrivés, alors cela doit nous mettre du baume au cœur, c’est aussi possible pour nous !

A qui s’adresser ?
À la sainte des petits, à la petite Thérèse ?
À celle des ténèbres, Mère Teresa ?
À celle des malades, Bernadette ?
À celui des docteurs, Thomas d’Aquin ?
Au père des prêcheurs, Dominique ?
À celui qui est revenu de la mort, Lazare ?
À notre Mère, la Vierge Marie ?
Ou à l’autre Marie, celle qui avait tant péché, qui avait tant aimé que ses péchés lui ont été pardonné ? Celle dont le nom disparaît parfois des évangiles pour être seulement nommée « pécheresse »…
Au Ciel, les saints sont nombreux à pencher leur oreille vers la terre.

Alors pourquoi ne pas leur confier nos demandes, à eux qui ont connu les misères et les joies de la vie terrestre ? À eux qui ont été, comme nous, des pécheurs et des pécheurs pardonnés.

Les restes de ce corps sont ceux de Marie-Madeleine qui a vu, entendu, touché le Christ. Ces cheveux ont touché les pieds du Christ. Ce n’est tout de même pas rien !

Mais ces reliques ne sont pas magiques ! Elles sont le signe que ces personnes ont réellement vécu et que leurs vies unies à celle du Christ ont été remarquées par leurs contemporains au point d’établir un culte de leur corps. Comme les pierres angulaires qui servent pour tout l’édifice, elles sont les éléments tangibles sur lesquels les autels des églises sont fondés.

Établissons notre foi sur ces fondations solides et demandons au Seigneur de faire de nous des saints.