Avoir une foi contagieuse, être disciple missionnaire, c’est l’appel répété du Pape François. La Samaritaine, nouvellement convertie, se fait missionnaire. Apprenons d’elle, apprenons aussi de Jésus qui développe une pédagogie de la foi peu banale.
 
Jésus ne se présente pas dans la majesté de sa puissance, mais la fragilité de son humanité. Aujourd’hui, Jésus arrive à un puits, il s’assied sur le bord du puits parce qu’il est fatigué. Il est fatigué, non pas pour lui, mais pour nous. Il est venu prendre notre souffrance, notre fatigue, notre découragement, notre désenchantement. Il est fatigué et il a soif, et cela va rendre possible la rencontre avec cette femme samaritaine qui, elle aussi, est fatiguée et lasse. Tous les jours elle vient chercher de l’eau au puits, par habitude, par nécessité, mais sans joie. En Samarie (c’est la Palestine aujourd’hui), il n’y a pas beaucoup de rivières, il n’y a pas de lacs, il n’y a pas beaucoup de pluies. Pour avoir de l’eau propre, il faut aller puiser au puits. Dans ce pays, un puits, c’est vraiment une bénédiction, un don de Dieu. Mais la femme vient toute seule à une heure où il n’y plus personne. Les autres dames du village viennent de grand matin, ou le soir, quand il ne fait pas trop chaud. Elle, elle vient en pleine journée, vers midi. Pourquoi ? Parce qu’elle a honte. Le suite du récit nous dit pourquoi. Elle a eu 5 maris, et l’homme avec qui elle est maintenant n’est pas son mari.
 
Elle vient chercher de l’eau chaque jour, mais chaque jour elle a encore soif. C’est le symbole d’une vie vide, une vie de routine qu’on essaye de remplir avec des babioles, avec des amours, avec une recherche qui n’aboutit jamais, et qui ne laisse pas le cœur dans la joie. Cette femme a-t-elle encore soif de bonheur ? Elle ne cherche plus, elle n’espère plus, parce qu’elle a perdu toutes ses illusions. Jésus vient la sauver. Comment ? Est-ce qu’il lui fait la morale ? Non, il lui demande quelque chose. C’est incroyable ça. Il est le fils de Dieu en personne, il est le sauveur, et il mendie. Il la supplie de lui donner à boire, parce que lui aussi a soif. Il a soif de sa foi. Elle est très étonnée. D’abord, c’est un Juif, et les Juifs et les Samaritains ne se fréquentent pas. Dans ce dialogue où il y a une suite de quiproquos, Jésus pique sa curiosité, et réveille son désir du bonheur. À chaque phrase de Jésus, la Samaritaine découvre un peu plus qui est Jésus, et ce que Jésus apporte : « Si tu savais le Don de Dieu et qui est celui à qui tu parles » dit Jésus. Ce sont vraiment les deux grandes questions.
 
Qui est Jésus ? C’est la question principale.
Voyez la progression. Qui est Jésus ?
Première réponse : un homme juif. « Comment, toi qui es un homme juif, tu demandes à boire à moi qui suit une femme samaritaine ? »
Et puis, quand Jésus promet une autre source, comme un don de Dieu : « serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui y a bu lui, avec ses fils et ses troupeaux ? »
Quand Jésus lui révèle ce qu’elle a fait : « Serais-tu un prophète ? »
Toutes les réponses sont justes, mais à chaque fois, on va plus loin dans la vérité.
Enfin, elle dit « Quand viendra le Messie, celui que l’on appelle Christ, il nous expliquera toutes choses. » « — Moi qui te parle, je le suis, » dit Jésus.
Enfin à la fin du récit, les Samaritains de la ville viendront et reconnaitront que c’est lui le sauveur du monde.
 
Mais parallèlement à cette révélation de l’identité du Messie, et comme condition de cette révélation, il y a les promesses que Jésus fait au sujet du Don de Dieu. En effet, il faut désirer pour accueillir. A la place de l’eau du puits, Jésus promet une eau de source, bien meilleure. D’où vient-elle ? Jésus répond : Qui boit l’eau d’un puits aura encore soif, mais qui boit l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif. L’eau que je promets, sera une source jaillissant en vie éternelle. Ah, c’est intéressant. Si je n’ai plus besoin de venir puiser tous les jours. Donne-moi de cette eau.
 
Et c’est là que Jésus dit « appelle ton mari » Manière très délicate de mettre le doigt sur le vide de sa vie, sans faire aucune accusation ni dénonciation. Une manière de dire, tout ce que tu as cherché jusqu’à maintenant t’a laissé insatisfaite. Et du coup, cette femme pose une question très importante sur la religion. Où faut-il adorer Dieu ? Ni à Jérusalem, ni sur cette montage, dit Jésus. Dieu est Esprit, ceux qui l’adorent c’est en esprit et en vérité qu’ils doivent adorer. Quel est le rapport de l’adoration de Dieu et le problème de l’eau de source ? Précisément, toute la question est là ! La Samaritaine l’a bien compris. Par la bouche du prophète Jérémie, Dieu disait « Ils m’ont abandonné, moi la source d’eau vive, pour des citernes lézardées qui ne retiennent pas l’eau. » (Jr 2, 13). La Source du bonheur, c’est Dieu. Il n’est pas ici ou là. Dieu est présent au-dedans de moi comme une source. Adorer Dieu c’est boire à la source intérieure. Par ton péché tu vivais à l’extérieur de toi-même, tu vivais dans les distractions pour oublier le vide intérieur. Aujourd’hui, dans le vide intérieur, trouve la source. Fais l’expérience de l’Esprit Saint. « Celui qui croit en moi, dit Jésus au chapitre 7 (v.38-39), des fleuves d’eau vive jailliront de son cœur. Jésus parlait de l’Esprit-Saint que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui. » La connaissance de Jésus comme un homme juif, sympa, étonnant, déroutant, la connaissance de Jésus plus grand que le patriarche Jacob, la connaissance de Jésus plus grand qu’un prophète, la connaissance de Jésus comme Messie Sauveur du monde, suppose et permet une expérience intérieure : la présence du Don de Dieu, l’Esprit-Saint dans notre cœur.
 
Alors, naturellement, la Samaritaine devient témoin de Jésus. Quand elle va dire « voici un homme qui m’a dit tout ce que j’avais fait, ne serait-il pas le Messie ? » les gens de son village voient bien qu’elle est complètement transformée. Elle n’a plus honte. Elle dit sa joie d’avoir rencontré Jésus Sauveur. Et l’Évangile nous fait comprendre qu’elle est un très bon témoin de Jésus. Elle a donné envie aux gens de son village de venir à Jésus, d’accueillir Jésus chez eux, et ils ont fait eux aussi l’expérience du Don de Dieu. « Ce n’est plus sur tes paroles que nous croyons, nous-mêmes nous l’avons entendu et nous savons que, pour de vrai, c’est lui le Sauveur du monde. »
 
Alors je termine sur un petit mot qui apparaît deux fois dans cet Évangile : « maintenant ». L’heure vient, et c’est maintenant, où de vrais adorateurs adoreront le Père en Esprit et en Vérité. » Et puis en parlant de la moisson. Vous dites encore 4 mois et c’est la moisson. Moi je vous dis « maintenant ». Souvent on remet à demain. Demain je mettrai de l’ordre dans ma vie, plus tard je me convertirai. Non maintenant. Trouve aujourd’hui même la source dans ton cœur.
Est-ce qu’il faut aller témoigner ? Pas tout de suite, Seigneur, je ne suis pas prêt. Pensons aux autres. Va-t-on les faire attendre ? Car pour les autres aussi, le moment de rencontrer Jésus et de goûter au Don de Dieu, c’est maintenant.