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Le Verbe, le Verbe, le Verbe. Quel mot mystérieux. On connait l’expression « avoir le verbe haut », on sait que le verbe doit être conjugué, on dit chaque jour à l’angélus : « le Verbe s’est fait chair ». Mais c’est quoi un Verbe, ce Verbe qui était auprès de Dieu, qui était Dieu, et qui a habité parmi nous, qu’est-il ?

Entrons pour le comprendre dans le génial fonctionnement de notre intelligence. Notre intelligence sait faire deux grandes opérations : saisir et énoncer. Saisir tout d’abord. C’est ce qu’elle réalise quand elle est en contact avec une réalité comme une voiture ou une formule mathématique. L’intelligence forme alors un concept en elle-même, une sorte de définition spirituelle qu’elle se donne : je vois une voiture et « tac » un concept de voiture apparait dans mon esprit. On parle ici du verbe intérieur. La seconde opération de notre intelligence consiste à énoncer par la parole ce qu’elle a saisi auparavant. Exemple : « voiture ». C’est là le verbe extérieur. Voici donc un premier contact à hauteur d’homme, avec ce mot compliqué. Cependant Saint Jean, lui, parle du Verbe de Dieu, rien que ça….

Si le fonctionnement de l’intelligence est le même chez les hommes, et chez Dieu – nous formons tous les deux un verbe – vous imaginez bien qu’il y a aussi des différences : nous, nous cogitons, nous recherchons, nous tâtonnons pour former un verbe, le Verbe de Dieu, lui, est toujours instantané et parfait. Nous, nous ne saisissons pas tout en même temps, cela se saurait ! Dieu a un Verbe qui, lui, saisit tout d’un coup, son Verbe dit tout Dieu, mais aussi tout ce qu’il a créé… Notre verbe à nous enfin est différent de nous : la pensée est malheureusement chez nous une annexe de notre être, importante, mais accidentelle. En Dieu, son Verbe est lui-même. On dit qu’il lui est consubstantiel. Il a la nature divine. Il est Dieu.

Ainsi nous commençons à saisir un peu mieux l’ampleur du début de l’Évangile de Jean: « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu ». On comprend en tout cas que Jean nous emmène dans les sommets. Il parle de l’origine divine du Christ. Et pour rendre son témoignage digne de foi, il dit : « ce Verbe je l’ai fréquenté, moi. Je lui ai parlé ». Qui connait la pensée de Dieu ??? « Moi !» dit Jean car : « le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous ». Ce que personne n’avait jamais vu, je l’ai contemplé, le Verbe, la Pensée de Dieu, resplendissement de la gloire du Père, s’est fait chair, accessible désormais à nos petits verbes à nous.

Oh là là quelle chance ! Eh oui, car vous le savez bien ! Au contact d’une personne vertueuse on devient soi-même plus vertueux. Au contact d’un universitaire, on devient plus savant, au contact d’une mère tendre on devient plus doux. Alors vous imaginez ce qu’il advient au contact du Verbe, ce qu’on peut devenir. Saint Jean le dit au centre de son prologue : « à ceux qui l’ont reçu il a donné pouvoir de devenir enfant de Dieu ». Lui qui est Fils nous fait fils !!!! Et joie : c’est ce même Verbe que nous allons retrouver maintenant en substance dans l’hostie.