Joie de l’Ascension

par 19 Mai 20222022, Ascension, Homélies

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Comment se fait-il que les apôtres crient de joie au départ de Jésus ? Ils étaient amis, soudés, et voilà qu’au jour où il s’en va, Pierre, Jacques, et les autres courent dans le Temple et bénissent Dieu. Saint Luc justifie cette joie, mais il nous demande, pour la comprendre, d’aller interroger l’AT.

Une première référence à l’AT se trouve dans le livre de Tobie. Le contexte est le même que celui de l’Ascension. L’ange Raphaël, après avoir vécus d’incroyables aventures avec la famille de Tobie, va s’élever pour retourner au Ciel. Au moment de partir il dit « la paix soit avec vous, bénissez Dieu. […] Ce n’est pas à moi que vous deviez ma présence, mais à la volonté de Dieu : c’est lui qu’il faut bénir au long des jours, lui qu’il faut chanter. » Alors, après son départ, Tobie et Sara louèrent Dieu par des Hymnes et Le remercièrent d’avoir opéré de telles merveilles (Cf. Tb 12). Les apôtres revivent cela, des siècles plus tard, mais de manière bien plus forte et intense car Jésus, évidemment, est mille fois plus grand que l’archange Raphaël : son œuvre et ses promesses sont bien plus merveilleuses.

Le second passage de l’AT est signifié par l’élévation des mains de Jésus et sa bénédiction. Il les bénit exactement comme Aaron dans le Lévitique. A la demande de Dieu, Aaron a dû faire un laborieux sacrifice sanglant pour la rémission des péchés, et il clôture cette liturgie en élevant les mains et en bénissant. Alors, je cite : « la gloire de Dieu apparut à tout le peuple, une flamme jaillit de devant Dieu et à cette vue le peuple entier poussa des cris de joie et se prosterna » (Lv 9). Un sacrifice sanglant, un homme de Dieu, une bénédiction solennelle. Cela ne ressemble-t-il pas à l’Évangile de ce jour ? L’Ascension de Jésus annonce donc, pour les connaisseurs bibliques que vous êtes à présent, l’apparition imminente de la gloire de Dieu et d’une flamme jaillissant de devant Dieu. Une bonne raison qui justifie la joie des disciples de Jésus.

Enfin le dernier passage auquel je pense est celui tiré de l’Exode. Une tradition ancienne rapproche la montée de Jésus auprès de son Père de la montée de Moïse en haut de la montagne du Sinaï (Ex 19,3s). Moïse y allait pour saisir la loi et la donner au peuple. Jésus lui y monte pour saisir l’Esprit Saint et le donner à son Église.

On comprend donc la joie provoqué par le départ de Jésus. L’archange Raphaël, Aaron et Moïse, nous aident à mieux en saisir le contenu. Les apôtres sont tout heureux, mais de surcroît cette joie a vocation à nous rejoindre ici même et maintenant car comme le dit l’épitre aux Hébreux: « le Christ est entré dans le Ciel, afin de se tenir maintenant pour nous devant la face de Dieu » (He 9).