Le roi réclamé par le peuple d’Israël dans l’Ancien Testament doit avoir un vrai pouvoir de contraindre, accompagné d’un profond amour de la justice, et doué de sagesse.
Or Jésus mérite-il d’être appelé roi selon ces critères ? Entendons-nous bien : Jésus n’a pas d’abord mérité d’être roi… Non, cela lui convient par nature. Comme disait Louis de Bourbon quand on lui demandait s’il prétendait être roi de France, il disait : « je ne prétends à rien, je suis ». Jésus est de la même nature que le Père, voilà pourquoi avant même sa naissance il est dit à Marie : « Le Seigneur lui donnera le trône de David »; Saint Jean précise l’ampleur de sa majesté en disant « de sa plénitude nous avons tous reçu ». Saint Paul enfin, contemplatif, ajoute : « tout subsiste en lui », c’est-à-dire tout est maintenu dans l’existence par lui.
Malgré cette évidence Jésus a voulu rendre pour nous plus accessible cette royauté, partir à la conquête de nos intelligences lentes à comprendre. Ainsi va-t-il mériter à nos yeux son titre de roi.
En premier lieu Jésus a réalisé l’exploit surhumain d’accomplir les exigences de Dieu ! Dieu avait dit dans le livre de Job : Sera établi roi (juge) qui lutte et vainc pour la justice de Dieu, et qui est jugé injustement (Job 36,17). Le procès de Jésus et sa condamnation en ont été l’amer réalisation. Saint Luc montre cette investiture royale avec le couronnement d’épine et les mentions fréquentes « roi des juifs ».
En second lieu, Jésus a répondu aux exigences humaines. Se faisant notre égal (« os de nos os, chair de notre chair » cf. 1èrelecture) ; il a montré sa force par les guérisons et sa résurrection ; il a montré son amour de la justice en donnant sa vie pour nous sauver ; et au sujet de sa sagesse celle-ci rayonne encore dans cette institution si belle qu’est l’Église.
Oui Jésus est roi, il l’est par nature, il l’est en mérite. Reste cependant une question : Cette royauté est-elle véritablement universelle ? Jésus est « roi de l’univers » dit-on : Atteindra-t-elle tous les hommes même dans l’avenir ? Saint Jean répond à cette question en proclamant : « le Père a donné tout jugement à son Fils » (Jn 5,12). Or, il ne serait pas juste de juger quelque chose ou quelqu’un avant que ses actions ne soient achevées. C’est pourquoi cette royauté du Christ ne prendra toute sa mesure qu’à la fin des temps lors de son retour. On parle du grand jugement final où le Christ jugera en vérité les vivants et les morts, ceci quant à leurs œuvres mais également quant aux fruits de leurs œuvres. Nous chanterons tout à l’heure dans l’anamnèse : « nous attendons ta venue dans la gloire » car nous attendons aujourd’hui la manifestation de ce grand roi.