La garde meurt et ne se rend pas
« La garde se meurt et ne se rend pas ! dit le centurion drapé dans sa dignité militaire au milieu d’une débandage généralisée. « Tu sais ce qu’elle te dit la garde ! », réplique un légionnaire qui n’en finit plus de se faire taper dessus par Obélix. « Oui je sais », répond dépité le centurion qui comprend l’absurdité de la situation. Ce fameux dialogue dans Astérix chez les corses (réminiscence de la bataille de Waterloo, d’ailleurs, n’est pas corse qui veut – est le constat désabusé d’une poignée de légionnaires qui se font martyriser par les irréductibles gaulois gavés de potion magique. C’est un peu notre constat au moment où beaucoup de nos amis, et pas seulement catholiques, battent le pavé parisien cette après-midi 6 octobre 2019, dans un dernier baroude d’honneur, pourrait-on dire. Nous le savons, la loi sur la PMA, et après la GPA va passer. Elle passe déjà subrepticement à 02.00 du matin, à cause d’une palanquée parlementaires qui fomentent dans les ténèbres leur projet civilisationnel. On a bien envie de baisser les bras, et de répondre à Ludivine de la Rochère : « tu sais ce qu’elle te dit la garde catholique… »
De fait la culture sociétale en France et dans le monde, tel un tsunami idéologique, submerge l’ancien ordre des choses qui restait à peu près humain, en tout cas sur le papier. Cette civilisation anthropologique que nous aimons, bâtie patiemment par nos pères inspirés par l’évangile, part en lambeau : finie la filiation biologique et juridique, finie la procréation naturelle, fruit de l’amour, d’un acte d’amour entre un homme et un femme, finie la stabilité de la famille. Bonjour le chaos psychoaffectif, et la marchandisation de l’amour et de l’enfant. Faut-il pour autant céder au découragement ? Faut-il renoncer à la lutte ? Non ! nous dit le grand St Paul. Résistons à la médiocrité du groupe, sans haine ni condescendance, avec fermeté et douceur avec tous ceux de bonne volonté, pour sauver ce qui peut l’être avec les armes de la prière, de la vérité et même de l’initiative politique, jamais vaine quand elle s’appuie sur le Roc qu’est le Seigneur.
Entendons la recommandation de St Paul adressée ce matin à Timothée, qui vient frapper notre conscience : « Ravive le don gratuit de Dieu ». Ce don de Dieu, c’est l’Esprit-Saint. « Car ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, dit Paul, mais un esprit de force, d’amour et de pondération. » Formule étonnante : « Réveille en toi le don de Dieu » ; c’est donc que les dons de Dieu peuvent « dormir » en nous ! Ailleurs Paul dit « N’éteignez pas l’Esprit ». Entendons ce message très encourageant. Nous portons en nous le feu de l’Esprit qui ne demande qu’à incendier le monde à partir de nous.
Cet esprit n’est pas un esprit de peur, mais un esprit de force, d’amour, de maîtrise de soi. Ce n’est donc pas en nous qu’il faut chercher. C’est dans cette source inépuisable que Dieu a installée au plus intime de nous-mêmes au jour de notre confirmation. D’ailleurs, Paul dit bien : « Avec la force de Dieu, prends ta part des souffrances liées à l’annonce de l’évangile » ; ces souffrances dont il parle, c’est la persécution inévitable ; celle d’hier, celle d’aujourd’hui.
Frères et sœurs, Paul enchaîné sait trop bien que seul l’Esprit peut vaincre toute hostilité. Timothée le chétif le sait aussi. Et nous aussi, nous le savons. Puisque le fin mot de l’histoire appartient à Dieu, laissons donc à St Paul le mot de la fin : il ne nous dit pas « rassemble tes forces », il nous dit « avec la force de DIEU ».