Marie Mère de Dieu
Encore dans l’émerveillement, comme les bergers à la crèche, nous essayons de comprendre la grâce particulière de la maternité divine de Marie, nous tâchons de prendre conscience du rôle unique de Marie.
Elle est mère. Considérons d’abord les choses du point de vue humain, avant de voir le cas unique de la maternité divine. La maternité humaine dépasse la maternité des animaux. La maternité animale est seulement reproductive : elle se fait selon l’instinct. La maternité humaine implique toute la personne, corps et âme. Elle suppose un consentement, et même quand la grossesse est imprévue ou inattendue, la venue à l’existence d’un petit être humain rejaillit sur le corps de la femme qui se modifie, mais aussi sur son âme, c’est-à-dire sur son affectivité, ses sentiments qui peuvent passer de l’étonnement à l’angoisse ou à la joie, elle rejaillit sur la volonté de la mère qui déjà se porte à aimer l’enfant qui est en elle. Et la maternité humaine ne s’achève pas à l’accouchement. Non seulement la mère va nourrir et prendre soin de son enfant dans les premiers temps de sa vie, les premières années, mais même quand l’enfant sera adulte, la mère restera la mère.
Pour Marie, il ne s’agit pas seulement de mettre au monde un enfant comme le font toutes les mères du monde, il s’agit d’être Mère de Dieu. Il s’agit d’accueillir dans sa chair, dans son coeur, dans sa vie, cet enfant qui se trouve être le créateur du monde. Il s’agit pour Marie de pouvoir correspondre à cet enfant, de pouvoir l’aimer comme il mérite d’être aimé. La maternité de Marie doit être à la hauteur de l’enfant qu’elle porte, qu’elle met au monde, qu’elle allaite et qu’elle accompagnera tout au long de son existence.
La naissance éternelle du Verbe de Dieu suppose à sa source un amour infini dans le coeur du Père. Le Père communique sa propre nature à son Fils et lui donne tout ce qu’il est. De manière analogue, on comprend que l’engendrement temporel du Fils dans la chair, en Marie, est un acte d’amour infini, libre, total de Marie. Marie communique au Fils de Dieu une vraie nature humaine en laquelle s’accomplira la rédemption du monde. Seule la plénitude de la grâce dans son coeur immaculé pouvait la préparer à un tel don d’elle-même à son Fils qui est en même temps le Fils de Dieu.
Mais ce qu’il y a aussi de particulier avec la maternité divine de Marie, c’est que le lien avec celui qui deviendra son enfant est antérieur à sa conception. Pour toute mère, le lien avec l’enfant commence à la conception. Pour Marie, le lien existait avant. Car le Verbe est de toute éternité. Avant la conception, avant la grâce de la maternité divine, et comme son préalable nécessaire, l’âme de Marie était déjà unie au Verbe. La consécration de Marie à Dieu dès les premiers instants de son existence , sa consécration à Dieu pour toujours, exprimée dans sa virginité perpétuelle, confère à sa maternité divine une extension unique. Etant unie au Verbe par un lien total, elle demeurera unie à ce même Verbe devenu son Fils, et elle participera de sa mission comme aucune mère humaine ne peut participer à la vie de son enfant. C’est pourquoi la maternité divine de Marie est un mystère que nous contemplons en sa source au temps de la Nativité, mais que nous contemplons aussi dans son extension dans l’histoire du salut, dans son rôle auprès de Jésus jusqu’au bout, dans son rôle auprès de nous, et dans l’Eglise, jusque dans l’éternité. La mission qui est la sienne perdure : à la croix, elle était là, consentant à l’offrande rédemptrice de Jésus, devenant ainsi la Mère des croyants. Devenue par une grâce unique la Mère du Fils unique de Dieu, elle est aussi, en vertu de cette même grâce, la mère de la grâce, la mère des croyants en qui elle fait croître la vie divine. Elle nous porte dans son coeur. C’est pourquoi, la maternité divine de Marie nous concerne aussi directement et nous pouvons, avec grande confiance et tendresse lui redire sans cesse, et chaque jour de cette année qui commence : « sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous maintenant et à l’heure de notre mort. »