Venez travailler à ma vigne !
Jamais cet appel ne cesse : « Venez travailler à ma vigne ! » A toute heure de jour, encore te encore, elle retentit, la voix du Maître : « Venez, venez, allez à ma vigne, je vous donnerai ce qui est juste ! »
Un appel incessant donc, inépuisable, c’est la voix même de la miséricorde de Dieu en toute heure de notre histoire. Jamais il n’abandonne, jamais il n’accepte que nous restions là, bras ballants, tête basse, à attendre sans but que s’achève le jour de notre vie. Il y a du travail pour nous. En ce moment même, il s’adresse à chacun – toi aussi, viens travailler dans ma vigne.
Mais quel est ce travail ? Quelle est cette ouvre que tu me confies ?Maître, que veux-tu que je fasse ?
Cette œuvre a mille facettes, et pourtant elle est unique. Cette vigne appartient à un seul maître et pourtant elle est assez vaste pour que l’humanité entière y travaille. Ce labeur est celui de commandements divins : soyez saints comme je suis saint. Ce domaine où il t’envoie n’est pas loin de toi : c’est ta propre vie et ton propre cœur. Il s’agit de cultiver ce jardin et de le garder – la tâche confiée à notre père Adam – pour produire des fruits de justice et de sainteté. Que ton cœur soit pur, que ton regard soit pur, que ta vie soit féconde en œuvres bonnes, que ton histoire soit belle, que tu vives en mon enfant, en mon fils – voilà l’œuvre que Dieu te confie. « Mon enfant, viens travailler dans ma vigne » – dira une autre parabole. A quoi œuvres-tu, chrétien, en supportant le poids du jour et l’ardeur du soleil ? A devenir le fils de Dieu. A vivre de mon baptême. A faire de toute ma vie une offrande à sa gloire, un jardin de délices pour Dieu, où il pourra venir se promener dans la brise du soir, en s’entretenant avec moi comme un ami s’entretient avec son ami, comme le Père parle avec son fils. Telle est mon œuvre et telle est ma vocation.
Quelle sera donc la récompense d’un tel ouvrage ? Quel est cette pièce unique que chacun reçoit? Écoutons le Témoin fidèle, le Premier, le Dernier, le Vivant, le Prince des rois de la terre. «Au vainqueur, je donnerai un fruit de l’arbre de vie placé dans le paradis de Dieu. Je lui donnerai la couronne de vie et la manne cachée, je lui donnerai le pouvoir sur les nations que j’ai reçu moi-même de mon Père. Son nom ne sera jamais effacé du livre de vie, je lui donnerai l’Etoile du matin, il sera une colonne dans le Temple de mon Dieu, il n’en sortira plus jamais et je graverai sur lui le nom de mon Dieu. Au vainqueur, je donnerai de prendre place auprès de moi sur mon trône, comme moi-même, après ma victoire, j’ai pris place auprès de mon Père sur son trône » (Ap 2 et 3). La voilà, la récompense qui nous est promise après une journée de labeur, car toute notre vie n’est qu’un jour aux yeux de Dieu, mais ce jour a le prix d’éternité. Régner avec le Christ après l’avoir suivi dans cette immense œuvre dramatique qu’est l’histoire de notre monde – telle est notre vocation et telle est notre récompense.
Les petits et les grands, les sages et les simples, les illustres et les obscurs – tous, ils sont les enfants de la miséricorde, sans exception aucune. Marie, Vierge et Mère, notre reine – un fruit pur de la grâce divine qui l’a préservé de toute tâche de péché, fille et mère de la miséricorde. Et les saints, les saints innombrables – tous des pécheurs, des insolvables, auparavant des enfants de la colère, ceux à qui Dieu a fait miséricorde, ceux qu’il a tiré du néant et qu’il a établi dans sa lumière : le peuple de la miséricorde. Qui se glorifierait aux dépens de l’autre ? Qui ne se réjouirait pas de la miséricorde faite à son prochain ? La récompense de chacun est la joie de tous et à tous Dieu donne part à la même gloire, à sa propre gloire, il se donne en récompense. Nous le verrons face à face et nous lui serons semblables, et Dieu sera tous en tous. « Je te donnerai ce qui est juste ». Dieu seul est juste. Il est lui-même la récompense de celui qui œuvre dans la vigne de sa miséricorde.
Puis-je ne pas désirer ce bonheur pour mon prochain ? Puis-je être jaloux de sa béatitude ? Si tel est le cas, alors il me faut œuvrer encore pour purifier mon cœur, le rendre bon, généreux et fécond, heureux du bonheur de mon frère. Tant qu’il reste en moi de la jalousie amère, il me faut revenir travailler à la vigne. Les premiers seront derniers et les derniers premiers. Que soit bénie la miséricorde de Dieu.
Et nous, écoutons maintenant ce que Dieu nous dit : « Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver ; invoquez-le tant qu’il est proche. » Dieu est tout proche de toi, et il t’adresse ce même appel : Mon enfant, viens travailler à ma vigne ! Je te donnerai ce qui est juste.