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La vigne dans la Bible a une place tout à fait remarquable : on trouve 110 mentions du mot, réparties un peu partout. Noé est le premier à planter une vigne (Gn 9,20), première fois qu’un homme après Dieu fait une plantation. Petite évocation du jardin d’Éden donc par l’intermédiaire de la vigne. Cette vigne ensuite ne cesse d’intéresser : le Deutéronome la protège (Dt 22,9), des poésies lui sont écrites (Ps 76, Is 5,1), Les prophètes en font des prédictions : « vous ne boirez pas du vin de la vigne » (Am 5,11). « Vous avez dévoré la vigne » (Jr 12,10). Enfin, quand la culture de la vigne s’arrête, c’est signe d’exil pour le peuple d’Israël (So 1,13). La vigne n’est pas ainsi juste une plantation, nous l’avons compris, mais elle représente le royaume de Dieu. Et depuis la venue de Jésus la vigne c’est l’Église, greffe obtenue par sa Croix (Ep 5), et dont le fruit précieux est le sang livré chaque dimanche aux fidèles.
 
Cette vigne aux attributs divins a été confiée aux hommes, mais Jésus signale qu’elle peut être retirée à certains. Certains ouvriers attachés à cette vigne s’en trouve indigne. Saint Augustin confirme : ce n’est pas qu’on manque d’ouvriers, on en a en très grand nombre, non, ce qui manque ce sont des ouvriers qui travaillent. Si on y fait n’importe quoi, Dieu peut dire « ça suffit ». Il a dit à Saül, pourtant le premier messie : « ça suffit », à Salomon, pourtant plein de sagesse au début : « ça suffit ». Il dit aux juifs : le royaume vous est retiré.
 
Cette possibilité de nous voir retirer la vigne, doit nous interpeller : Seigneur suis-je vraiment à ta vigne ou suis-je en train d’y dormir ? Mgr Aveline demandait vendredi soir aux jeunes se préparant à la Confirmation : est-ce que j’ai revêtu mon tablier de service ? Quelques pistes donc pour ce dimanche pour mettre un coup de fouet à notre vie chrétienne, en vue d’une viticulture réussie. Je m’adresse à vous donc : les œnologues du Christ, les maitres de chai de la foi, les chefs de culture ecclésiaux.
 
Premièrement : Implorer la présence du Maître dans sa vigne. La présence du Maître canalise habituellement les énergies. Reprenons le Psaume 76 à cette intention : « Dieu de l’univers reviens ». Interviens Seigneur pour ta vigne.
 
Deuxièmement : Demander de goûter aux fruits de la vigne du Seigneur. (un bon cognac par exemple, et ce n’est pas pour vous mettre Martel en tête) Travailler sans profiter décourage. Goûter c’est voir le monde surnaturel du Royaume qui œuvre autour de nous, c’est voir les fruits immenses de l’Esprit. Voir redonne des forces.
 
Troisièmement : Accroitre dans la vertu. Le Cardinal Journet disait : l’abandon véritable à Dieu s’accompagne d’un accroissement des vertus. Saint Paul ne dit pas autre chose. On peut prier à cette intention : permets-moi Seigneur de trouver un bon maître spirituel, un accompagnateur spi, qui va me permettre de progresser dans les demeures spirituelles dont parle sainte Thérèse d’Avila, dans les vertus dont parle saint Thomas, dans la sainteté dont parle saint François de Sales.
 
Ainsi avec quelques 150 chrétiens en progrès vertueux, la vigne sera entre de bonnes mains. Elle pourra vraiment prospérer et se répandre des extrémités à l’autre de l’univers.