Marie, Mère de Dieu
Claudel l’a bien compris qui remercie la Vierge Marie « parce qu’elle est belle, parce qu’elle est immaculée. Parce qu’elle est la femme dans la Grâce enfin restituée, La créature dans son honneur premier et dans son épanouissement final, telle qu’elle est sortie de Dieu au matin de sa splendeur originale », et mieux encore à vrai dire, qu’au matin original, n’en déplaise au poète à qui nous devons ces vers admirables.
C’est-à-dire que l’ancien monde, celui des origines, défiguré et détruit en partie par le péché et la mort, n’est pas seulement restauré ou rénové en Marie. Ce monde nouveau qui s’appelle l’Église, est un monde où tout est repris à frais nouveau. C’est un monde qui commence, plus qu’il ne recommence. Parce que ce monde nouveau est meilleur que l’ancien. Il le dépasse de toute manière en ce qu’il nous donne Jésus, le Verbe incarné, médiateur entre Dieu et les hommes, grâce à la maternité divine de la Marie.
Cette nouveauté absolue, oserait-on dire, c’est en Marie que cela se réalise d’abord. De cet univers recréé, Marie est le plus beau fruit, le plus beau commencement. Alors, quoi de mieux que de commencer l’année en commençant avec Marie et donc avec Jésus. Et commencer dans le silence du jour premier, jour de repos, jour férié. « Marie garde en effet avec soin toutes ces choses. Elle les médite en son cœur » (Lc 2, 19). Elle garde. Et ferme les yeux. Probablement. Marie est occupée à ne point parler, à ne point voir afin d’écouter mieux. Qu’écoute-elle ? Son Fils qui est là. Elle écoute la Parole sans voix, le Verbe qui se tait, emmailloté dans les langes.
Marie écoute et conçoit dans son cœur le juste accord prononcé dans le silence. « Elle coïncide », dit encore Claudel. La Mère est unie à son Fils dans le silence. Son épaisseur – l’épaisseur du silence je veux dire – est telle que Joseph est recueilli au-dedans de lui. Les anges eux-mêmes à genoux s’immobilisent. L’univers tout entier se concentre. Avec eux devant l’Enfant-Dieu, regardons le silence infini. Ce sera le meilleur moyen de commencer cette année pleine d’incertitudes et de vaines inquiétudes. De la sorte nous imiterons la Vierge.
En un raccourci saisissant le pape François résume l’attitude spirituelle de la Mère de Dieu, au seuil du monde nouveau qui commence avec elle : « Marie n’a rien gardé pour elle. Elle a tout porté à Dieu. » Voilà les secrets de la Mère de Dieu que nous faisons nôtre à l’aube de cette année nouvelle.
Nous garderons le silence et nous porterons à Dieu. Bonne et sainte année avec Marie au cœur et Jésus à son bord.