Croître avec le Seigneur
Aujourd’hui : leçon de jardinage !
Pour obtenir un bel arbre, il existe deux alternatives :
– La bouture
Sur un arbre déjà existant, Ézéchiel coupe une petite branche, toute fragile, tout en haut, à la cime.
Il la plante dans la terre, et l’arrose soigneusement.
Elle devient grande, énorme, et portes des milliers de petits rameaux, semblables à la petite tige qu’elle-même était naguère.
À l’ombre de ses branches, de nombreux oiseaux, viennent se reposer.
– La semence
Dans une terre préparée, Jésus dépose une toute petite semence, qui grandit, et peu à peu devient un très grand arbre.
À l’ombre de ses branches, de nombreux oiseaux, viennent se reposer.
Il semble un peu étonnant que le bon Dieu monopolise tout un dimanche pour nous parler jardinage. Les textes de ce jour doivent avoir un sens spirituel, un sens caché… Mais ce n’est pas facile de le trouver !
Si on cherche la signification des éléments des deux images on arrive à deux interprétations opposées, entre la place de Dieu, et la place de l’homme :
Regardons la bouture : l’arbre, ce peut être Israël, ou l’Église, ou encore notre âme toute entière, bref, l’arbre : c’est nous.
Il y a des branches dans tous les sens et Ézéchiel coupe celle qui est tout en haut, à la cime de notre arbre, à la cime de notre âme. Cette cime de l’âme est alors plantée directement en pleine terre, dans la parole, dans la vie de Dieu, de sorte que cette cime de notre âme peut se développer, grandir, porter un fruit nouveau. C’est ce qui se passe à chaque communion, à chaque confession. Le meilleur de nous-même, est branché directement sur la grâce de Dieu, pour vivre de sa vie à lui.
Dans l’image de la bouture, la terre est donc la grâce de Dieu, sa parole, sa vie. La plante, c’est nous, enfoncés dans cette bonne terre où nous venons puiser ce dont nous avons besoin.
Dans l’image de la semence, tout s’inverse. D’un coup, la terre c’est notre cœur, et la semence c’est la parole de Dieu.
Vous qui communiez aujourd’hui pour la première fois, vous êtes aujourd’hui cette terre, que vous avez préparée toute l’année, et qui va enfin recevoir la semence promise. Cette terre est toute propre, bien labourée, fraîchement confessée !
Ce que vous avez entendu par vos oreilles, ce que vos yeux ont vu de loin, ce que vos mains ont désiré recevoir, voici que vous allez le toucher, le goûter, le manger. Et recevoir dans votre cœur, la vie même de Dieu.
Dans l’image de la bouture, nous sommes la plante, Dieu est la terre. Dans l’image de la semence, nous sommes la terre, et Dieu est la plante.
Comment concilier ces deux images ?
Si Dieu et Nous échangeons tour à tour de rôle entre la terre ou l’arbre, entre la première lecture et l’Évangile, c’est peut-être pour nous dire quelque chose de cette admirable échange qu’est la communion. Lorsque nous communions, nous recevons le corps de Jésus non pas pour que Dieu se réfugie en un petit coin secret de notre cœur, mais pour qu’il habite l’intégralité de notre âme, comme la sève qui parcours les branches de l’arbre, des racines, jusqu’à la plus petite feuille.
La semence déposée en terre, fait sienne la terre, l’assimile en elle et la transforme en arbre, tendu vers le ciel.
Nous mangeons le corps du Christ, oui, mais c’est lui qui nous assimile à lui. C’est lui qui tire vers lui tout ce que nous avons de bon en nous, pour produire à partir de la terre que nous sommes, des branches de sainteté qui poussent vers le ciel. Et l’arbre qui en résulte, ce n’est pas que Jésus. C’est nous, en Jésus, par Jésus, avec Jésus.
La semence devient arbre, oui. Mais par elle aussi, on peut dire que la terre devient un arbre. Nous communions au corps du Christ, nous devenons le corps du Christ. Voilà notre admirable échange, entre la terre et l’arbre, entre nous et Dieu.
L’arbre ayant grandi, ses branches s’alourdissent, se fatiguent, meurent parfois. C’est le cas des vieux communiants de cette assemblée. Le jeune homme qui va faire sa 984e communion, là sur ma gauche. Le vieux frère qui va faire sa 14 000e communion, là dans les stalles. L’arbre doit régulièrement offrir à nouveau le meilleur de lui-même, la plus belle branche, la cime de son âme, et la planter à nouveau en pleine terre, comme au premier jour, pour s’ancrer toujours plus profondément dans la vie de la grâce divine.
Communier souvent, c’est s’enraciner dans le Christ, dimanche après dimanche. Se replanter en lui, plonger ses racines pour venir chercher sans cesse la sève du corps et du sang de Jésus, dont nous avons tant besoin.
Communier souvent, c’est aussi accepter d’être assimilé par lui. Que la semence nous dévore, qu’elle prenne peu à peu tout ce que nous sommes pour nous transformer en lui !
Communier souvent, c’est encore être prêt, chaque dimanche, à couper net, avec nos péchés, nos penchant mauvais, pour se replanter, semaine après semaine, dans la bonne terre, et recevoir la vie de Dieu.
Chers parents, vos enfants ont encore besoin de vous pour pouvoir communier souvent. Ils en ont vraiment besoin pour grandir avec Jésus, et devenir un bel arbre qui s’élève vers le ciel. Aidez-les à pousser, à grandir par lui, avec lui, et en lui. Amen.