Souviens-toi de moi

par 29 Nov 20132013, Christ-Roi, Homélies

Frères et sœurs,

Où est-il – le royaume de Jésus de Nazareth ? Voilà la question qui préoccupe avant tout les pensées de Ponce Pilate durant ce procès contre ce pauvre fils de charpentier de Nazareth. « Il prétend qu’il est roi. D’accord ! Je veux bien le croire », se dit Ponce Pilate en lui-même. « Tous les nobles du monde, pense-t-il, remarqueront dans leur généalogie familiale que leurs premiers ancêtres étaient de pauvres paysans et ouvriers comme ce pauvre Jésus. Ils constateront que ces ancêtres étaient eux aussi considérés au départ comme de nouveaux riches. En apparence, Jésus ne semble pas encore avoir franchi cette étape ». Pour Pilate, tout devient encore plus compliqué quand Jésus ajoute : « Mon royaume n’est pas de ce monde » . Heureusement Jésus a-t-il précisé tout de suite que ses troupes n’avaient pas reçu l’ordre de le libérer . Mais la question troublante reste : où est-il ce royaume ? L’un des conseillers de Ponce Pilate lui rappelle que Jésus avait dit que son royaume était dans le cœur de l’homme . Pour cette raison, son royaume était tout proche, et cela pas seulement d’un point de vue temporel. A ce moment-là, Ponce Pilate commence véritablement à trembler. La question initiale, de savoir où se trouvait le royaume de Dieu, devient maintenant non seulement une question politique et de calcul stratégique, mais aussi une question existentielle. Le royaume de Jésus n’est pas de ce monde, mais, en même temps, il est en moi ! Ponce Pilate n’est plus vraiment sûr de lui ! Cependant, il garde la face et son self-control : Il se dit : « Tu n’es tout de même pas parano à ce point ! » Il laisse donc flageller Jésus. Il présente le Jésus maltraité au peuple : Ecce homo, Voici l’homme !
Ecce homo, Voici l’homme ! Ponce Pilate ne se rend pas compte qu’à ce moment-là, où il prononce ces deux mots, il devient un des plus grands théologiens de l’histoire après saint Thomas d’ Aquin. Il ne se rend pas compte que, par ces mots, il est le premier à déclarer en public la royauté du Christ. Ecce homo, voici l’homme, voici le « Nouvel Adam » , voici « l’Alpha et l’Oméga » , voici le Roi de l’univers. Saint Paul, dans sa lettre aux Colossiens, se rappelle cette scène. Jésus ainsi présenté à la foule est l’Alpha, le commencement de l’univers car, dit saint Paul « Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né par rapport à toute créature » . Il est l’Oméga, l’accomplissement de tout l’univers, car en souffrant et mourant pour nous, il est celui dit encore saint Paul « par qui nous sommes rachetés, par qui nos péchés sont pardonnés, et par qui nous entrons dans son royaume. » Ecce homo, Voici l’homme, Voici l’Alpha et l’Oméga, Voici le Créateur et le Sauveur, Voici le roi de l’univers. 
Dans cette perspective, il n’y a plus de contradictions dans ce qu’a dit Jésus par rapport à la localisation de son royaume. Le royaume du Christ n’est pas de ce monde, car il est en Lui. Et en même temps ce royaume est en chacun de nous, dans notre cœur et notre propre existence, car Dieu nous a créé. Dieu a créé chacun de nous individuellement à son image. Il nous a vus en son Esprit en une perfection, une beauté et une sainteté qui dépasse toute notre imagination. Et sa mémoire est éternelle. Malheureusement, par nos nombreux péchés, cette image de beauté éternelle de notre existence est raillée, blessée, appauvrie. Le bon larron le savait très bien et l’avait très bien compris. Sa prière à Jésus devrait être notre prière quotidienne : « Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume ». Autrement dit, « Seigneur Jésus, maintenant, par mon péché, je ne ressemble pas à l’image initiale que tu avais de moi lorsque tu m’as créé. Je t’ai déçu par mes péchés qui ont faussé mon image. Je le regrette amèrement. De moi-même, je ne peux pas réparer ce que j’ai brisé, mais souviens-toi de moi comme j’étais jadis dans ton esprit quand tu m’as créé. Ne regarde pas mes péchés, mais souviens-toi de moi dans ma pureté et ma beauté initiale et éternelle. Tu peux tout renouveler, car tu m’aimes ».
Frères et sœurs, regardons le Christ notre roi ! Ecce homo, voici l’homme ! Prions le Christ-Roi comme le bon larron : « Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume ». Oui, que ton règne vienne. Que je corresponde enfin à l’image que tu avais de moi au moment de ma création. Que je sois enfin un messager de ton Royaume digne de ce nom maintenant et pour l’éternité ! Vive le Christ-Roi !