La double promesse

par 21 Mai 20202020, Ascension, Homélies

fr_denis

Cher Théophile, j’ai quelque chose d’étonnant à te raconter. Après ces paroles de Jésus, les apôtres le virent s’élever et disparaître à leurs yeux.

Aujourd’hui le Christ remonte aux cieux, il s’assied à la droite du Père, et nous chantons le Seigneur des nations. Solennité donc de l’Ascension et quelle ascension ! Quelle trajectoire ! Celui qui monte au ciel est parti de bien bas. Il est d’abord descendu dans les régions inférieures de la terre, là où vivent comme ils le peuvent les pauvres, les petits, les malades, et aussi  les pécheurs ; Jésus n’a pas hésité à partager leur condition, à manger avec eux, à aller au plus loin de la déchéance et de l’humiliation des hommes, pour finir crucifié entre deux brigands.

Descendu aux enfers, le 3ème jour il est ressuscité des morts. Capturant les captifs, dit le psalmiste, il est monté sur la hauteur.

Et c’est sur la hauteur que Jésus veut nous entraîner pour porter jusqu’à la droite du Père notre fragilité humaine, notre vulnérabilité, qui se trouvent alors divinisées. L’Ascension achève la trajectoire du Christ dans sa chair. Toute chair est faite pour grandir et s’élever en tout jusqu’à celui qui est la Tête, le Christ, comme le dit St Paul. Le plus matériel attend de se réconcilier avec le plus spirituel. L’Ascension devient notre destinée. Si il y a un pont de l’Ascension, c’est bien celui-là, qui permet de passer d’une rive à l’autre.

  Il fallait d’abord que Jésus passe, qu’il monte, et donc qu’il quitte ses disciples. Il a du les préparer à son départ. Comme il s’était préparé à sa mission pendant 40 jours au désert après sa plongée dans les eaux du baptême, il les a préparés à son Ascension pendant 40 jours après Pâques en se manifestant à eux vivant, d’une tout autre manière, d’une présence nouvelle, insaisissable mais bien réelle, et il leur a parlé du Royaume de Dieu, s’est fait reconnaître à la fraction du pain, avant de disparaître à leurs yeux.

S’il quitte bien ses disciples, il ne les abandonne pas pour autant, il leur devient contemporain, présent autrement, uni simultanément et totalement en tout temps et en tout lieu à ceux qu’il aime et dont il vient de partager la vie sur la terre. Seigneur des nations, il vient présenter l’humanité et la confier au Père du ciel.

Maintenant que Jésus est assis à la droite de Dieu le Père tout puissant, le moment est venu pour les apôtres de passer à l’acte. Les actes des apôtres commencent quand Jésus disparaît. En attendant son retour et le rétablissement du Royaume, les apôtres doivent se bouger, ne pas rester là plantés à regarder vers le ciel comme leur font remarquer ces deux anges vêtus de blanc. Car l’Ascension ne détourne pas de la terre pour s’échapper dans les airs. Jésus a donné cette mission à ses apôtres : Allez, de toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père et du fils et du Saint Esprit, et apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé, apprenez-leur à écouter les paroles que je vous ai dites et à les mettre en pratique.

Jésus a promis à ses disciples de leur donner la force d’accomplir cette mission et d’être ses témoins jusqu’aux  extrémités de la terre, jusqu’aux marges, aux frontières : la force de l’Esprit vivifiant, Esprit d’amour et de feu. Et Jésus leur a promis encore d’être avec eux tous les jours jusqu’à la fin du monde.

Forts de cette double promesse nous pouvons prendre à cœur notre responsabilité, devenir à notre tour apôtres de Jésus-Christ, témoins de la Bonne Nouvelle, nous pouvons révéler au monde cette présente aimante de Dieu Trinité, Père, Fils et Saint Esprit.

En cette fête de l’Ascension nous sommes remplis d’une intrépide espérance. Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière qu’il s’en est allé vers le ciel. Il reviendra, nous en sommes certains, c’est pourquoi nous pouvons redire à chaque eucharistie : « Nous attendons le bonheur que tu promets et l’avènement de Jésus-Christ notre Sauveur. »