Frères et Sœurs
Sur les bords du lac de Tibériade, Jésus avait dit à Pierre : « Sois le pasteur de mes brebis».
Mais ce n’est pas tout de suite que Pierre comprit le sens de cette vocation, car Simon-Pierre n’avait jamais été berger, il ignorait le monde de l’élevage, il était pêcheur. Par contre, lors de la pêche miraculeuse, il avait compris la prophétie de son Maître : « Désormais tu seras pêcheur d’hommes (Luc 5, 10) ».
 
 
Il semble que ce soit seulement le jour de la Pentecôte que Pierre eut la révélation du sens de cet appel : « Sois le pasteur de mes brebis,… Pais mes agneaux ». Ce jour-là en effet, à Jérusalem, tous ceux qui l’entendirent furent « remués jusqu’au fond d’eux-mêmes », car ils découvraient qui était cet homme que les chefs des prêtres et leurs dirigeants avaient fait condamner et livré à la mort : « Ce même Jésus que vous avez crucifié, Dieu a fait de lui le Seigneur et le Christ ». En entendant cela, tous manifestèrent une grande douleur et un vrai repentir et ils demandèrent à Pierre : « Que devons nous faire ? ».
 
 
Le nouveau Pasteur des brebis leur révéla alors la Miséricorde de Dieu : « Convertissez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus-Christ pour obtenir le pardon de ses péchés. Vous recevrez alors le don du Saint-Esprit. Comme la foule, inspirée comme lui par l’Esprit Saint, faisait pénitence et se convertissait à sa parole, Pierre comprit que devant Dieu il en était bien devenu leur Pasteur ; car tous écoutaient sa voix et suivaient ses ordres comme venant bien du Seigneur ».
 
 
Ce jour-là Pierre et les Apôtres, baptisèrent environ trois mille personnes, les faisant ainsi passer par la vraie « porte », Jésus lui-même, pour les introduire dans le Bercail où l’on mange le « pain » de la Vie éternelle.
 
 
Le premier « bon pasteur » dont nous parle la Bible, ce fut Abel que la liturgie célèbre car il « plut à Dieu d’accueillir les présents d’Abel le juste ». Mais ce n’est pas le sang de ses brebis qui était éloquent devant Dieu, mais bien son sang à lui, Abel, qui fut le premier martyr de la Rédemption. Le « Fils de Dieu »,notre Pasteur éternel, par sa mort et sa résurrection fut victorieux du péché, de la mort et du mal, comme le dit l’épitre aux Hébreux : « Jésus, médiateur d’une alliance nouvelle, et d‘un sang purificateur plus parlant que celui d’Abel (Hb 12, 24) ». C’est bien de lui, notre Pasteur, qu’à l’autel nous recevons « le corps et le sang » qui nous introduisent dans la Vie éternelle.
 
 
De la nouvelle Jérusalem céleste, Jésus est l’unique entrée : « Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ». Cette porte, qui est étroite aux yeux du monde, c’est la Croix où, par amour, le Pasteur, devenu Agneau de Dieu, a donné sa vie pour nous, cette Croix victorieuse est devenue notre chemin vers « les prés d’herbe fraîche et vers les eaux du repos (Ps 22, 1-2) ».
 
 
Certaines évocations artistiques du Bon Berger et de ses brebis, parfois plus romantiques que conformes aux récits évangéliques, risquent de nous cacher les aspects souvent douloureux de la vie des Pasteurs et de celle du Peuple de Dieu. Jésus dans l’évangile de ce jour nous montre dans quel contexte il vivait lui-même : il parle des voleurs, de bandits d’égorgeurs et de destructeurs, qui l’obsèdent ainsi que son troupeau : « Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des bandits ». Au Calvaire, Marie a dû voir autour de son Fils beaucoup de ce genre de personnages.
 
 
Au cours des siècles, le harcèlement des forces du mal contre le Peuple de Dieu sera constant et saint Pierre nous en avertit : « C’est pour vous que le Christ a souffert… afin que vous suiviez ses traces ». Menaces extérieures pour le peuple de Dieu et aussi menaces intérieures : les faux prophètes ont fait souffrir les vrais prophètes et les mauvais pasteurs ont fait souffrir les bons pasteurs qui, eux, donnent leur vie par amour de leurs brebis. Les bons pasteurs doivent donc protéger leur brebis et de ce fait connaître parfois des luttes sanglantes.
 
 
Le logo, ou l’emblème qui se trouve sur de couverture du Catéchisme de l’Église Catholique montre le Bon Pasteur en compagnie d’une brebis. C’est une image qui se trouve sur une pierre tombale dans les catacombes romaines de Domitilla. Le Christ, le berger, est représenté assis sous un arbuste, son bâton, sa houlette de berger dans une main tandis que de l’autre il joue de la flûte : une brebis l’écoute couchée à ses pieds ; son bâton, symbole de l’autorité sur son peuple avec lequel il le guide par le juste chemin et écarte les loups et les bandits ; la mélodie de sa flûte représente la vérité qui attire les brebis.
 
 
Le Bon Berger fait reposer son troupeau sur les prés d’herbe fraiche, il le mène vers les eaux du repos, lui-même est assis à l’ombre de « l’arbre de la vie » qui est sa Croix qui ouvre le Paradis, là où l’on ne manque de rien, dans la maison du Seigneur en la longueur des jours (Ps 22). Amen