Toussaint : parlons chiffres !

par 1 Nov 20202020, Homélies, Toussaint

fr_dominique-benoit
Les enfants, avec leur candeur, posent souvent des questions qui nous laissent sans voix. Ainsi ai-je entendu une fois, formulé dans les termes : « sur la terre, il y a plus de vivants ou plus de morts ? »
Question intéressante ! Compter les vivants, on sait faire, quand aux morts… nous préférons d’habitude les laisser tranquilles là où ils sont.

Mais c’est la Toussaint et j’ai cherché un peu pour que vous puissiez répondre s’il arrive à un minot de vous questionner. Nous sommes submergés de chiffres actuellement mais, après tout, le chiffre de 144 000 de l’Apocalypse a fait couler beaucoup d’encre.
Les estimations semblent donner un chiffre de 100,8 milliards de morts depuis l’apparition de l’homo sapiens.
Combien de saints ont été déclarés par l’Église ? Difficile à dire, on trouve une indication de plus de 10 000.
Depuis le début du christianisme, cela ferait une moyenne de 5 par an. C’est quand même assez peu !
Rapporté à tous les morts depuis les débuts de l’humanité, cela nous donne 0, 0 0 0 0 0 1 % de la population (et encore, j’ai arrondi au-dessus).

Le péché est un acte de l’homme qui le sépare de Dieu. Le Seigneur tolère le péché mais ce qu’il désire pour l’humanité, c’est la béatitude et la première épître de Timothée nous dit que « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » et c’est dans ce but qu’il a envoyé son Fils, Jésus le Sauveur.

Et bien, au vu des chiffres, on pourrait s’interroger sur l’efficacité du remède ! Mais la Foi et l’Écriture nous aident à ne pas douter : Dieu nous donne sa grâce, il nous donne les moyens de nous approcher de Lui. C’est bien pour cela que la fête de la Toussaint a été instauré : c’est le jour où nous faisons mémoire de tous les saints « officiels » et surtout « non-officiels », ceux pour lesquels il n’y aura sans doute jamais de procédure de béatification ni de canonisation mais qui sont pourtant au Ciel avec Dieu.

L’Église du Ciel, l’ensemble des saints, est comparée à une épouse dans le livre de l’Apocalypse. Le purgatoire est donc comme ce temps qui précède le mariage, où la fiancée se prépare et ne voit pas encore son fiancé directement mais comme à travers son voile. Vient alors le jour des Noces, l’entrée au Ciel, et ce voile tombe. Après le dévoilement, l’épouse peut enfin savourer le moment du face à face avec son Bien-Aimé.

Si nous gardons cette métaphore du mariage, les saints béatifiés et canonisés sont tous ceux dont les noces ont été rendues publiques.
Mais dans la plupart des cas, le mariage est comme secret et personne n’en a connaissance.

Pourquoi Dieu en a-t-il décidé ainsi ?
Parce que la béatitude est la réalisation totale et parfaite de notre capacité à aimer Dieu. Dans la prière, ce cœur a cœur a lieu au plus haut de notre âme mais aussi au plus intime de nous-mêmes. Le Seigneur nous conduit au désert et parle à notre cœur car il veut nous montrer à quel point nous sommes uniques à ses yeux, à quel point il désire cette intimité pour notre bien propre.

Cette foule immense des bienheureux, nous l’imaginons souvent comme une masse inconnue. Mais ce ne sont pas des inconnus, ce sont des gens de notre famille (ceux dont les photos emplissent les albums photos), des amis, des personnes croisées quelques fois dans le métro, à la messe, cette ancienne institutrice, cette jeune fille décédée d’une maladie foudroyante, ce frère qui vivait fidèlement et simplement sa profession religieuse,… Ce ne sont pas des inconnus ! Ce sont des familiers qui sont même plus proches de nous que les saints reconnus.

Mais alors, comment les invoquer ? Logiquement, s’ils sont encore au purgatoire, ils ne peuvent pas intercéder pour nous !
C’est une question disputée en théologie : le curé d’Ars affirmait être le témoin de beaucoup de grâces obtenues par l’intercession des âmes du purgatoire.

En tous cas, notre prière adressée aux défunts semble être féconde : Dieu sait en tirer tous les fruits possibles, pour les morts comme pour les vivants. En ce jour de la Toussaint et demain, pour le jour des défunts, que votre prière soit toute une.

Les saints que l’Église nous donne pour modèles ont permis d’inspirer cette multitude de saints discrets car ce sont eux qui rendent la béatitude concrète et accessible. Tel ou tel saint nous donne envie de nous dépasser et de faire la volonté de Dieu.

Ce n’est pas nous qui choisirons mais « saint connu » ou « saint discret », n’attendons pas, notre place nous attend !