Dans cette  prise de parole,  Jésus, avant de s’adresser à nous, s’adresse à son Père : «Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout petits».

Frères et Sœurs : Voilà une chose surprenante, paradoxale : il y a des sages et des savants qui ne comprennent pas ce que dit Jésus, alors que ce qu’il dit  est lumineux et convainquant pour ceux qu’il appelle les « touts  petits ». Jésus ne s’en étonne pas, mais  ces échecs et ces fermetures de l’intelligence humaine l’attristent, c’est pourquoi  il les confie  à la bonté  et à la bienveillance de son Père : « Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance ». 

Tous ceux que Jésus a nommés en premier, passent souvent  aux yeux des gens pour être « des  savants et des sages ». Alors seraient-ils moins intelligents, moins doués que ces « tout petits »  qui  n’ont pas une telle réputation d’être des sages et des savants ?  Oui, Jésus les proclame  supérieurs aux premiers.

Par les dispositions de leur âme, ces « tout petits » peuvent entrer très  profondément  à la rencontre  des mystères du Royaume de Dieu,  lorsqu’ils leur sont révélés : « Personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler ».

Jésus qui est  « le  Chemin la Vérité et la Vie »,  veut que la vérité nous soit connue dans  sa  plénitude, il a confiance dans l’âme humaine qu’il a lui-même façonnée et à laquelle il  a donné pour vocation  d’accueillir  Dieu lui-même.

L’humilité de la créature face à Dieu,  est un signe de la véritable intelligence et c’est aussi le commencement  de la sagesse. Dieu se révèle aux « tout-petits », aux humbles, à la Vierge Marie, à tous ceux qui se découvrent  « enfants de Dieu » : « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits ».

Elles sont innombrables les invitations bibliques à la science et à la  sagesse : chez les Prophètes, dans les Psaumes et dans le Nouveau Testament ; un livre de la Bible s’appelle  « La Sagesse ».

 « Lève la tête vers le ciel et ses étoiles, et regarde…qui a fait tout cela ? ».

Par sa seule science, l’astronome ne peut répondre à cette interrogation ; les psychologues  avec les analyses ne peuvent sonder les profondeurs de l’âme humaine ;  quant aux philosophes, à la lumière de leur seule raison, ils ne peuvent comprendre le pourquoi de notre existence  et de celle de l’univers.

A des Pharisiens incrédules Jésus avait déclaré : « Le visage du ciel vous savez l’interpréter, et pour les signes des temps vous n’en êtes pas capables » (Mt 16, 3). Ces « Signes des temps » c’étaient tout ce que Jésus leur enseignait et faisait sous leurs yeux. Rassurons-nous, ne nous inquiétons pas ! Nous ne sommes pas seuls face au mystère de  l’existence et de notre destinée.

Saint Paul nous le dit : « l’Esprit Saint nous a été donné afin que nous vivions sous son emprise ».

Jésus est venu nous révéler son Père dont il en est  l’« image visible » : « Tout m’a été confié par mon Père; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler »

Il y avait, à la fin du XIXe siècle, un savant professeur qui enseignait l’histoire des religions, mais il était spirituellement fermé au message  du Nouveau Testament. A la même époque, il y avait au carmel la petite Thérèse de l’Enfant-Jésus qui vivait pleinement des paroles de l’Évangile, dans la joie et le repos de son âme : ne faisait-elle pas faisait  partie de ces bienheureux « tout petits » ? 

De nos jours, on ne lit guère les écrits de son célèbre contemporain, mais ses ouvrages de la petite carmélite sont diffusés  dans le monde entier et, à cause  sa science et sa sagesse surnaturelle, la petite Thérèse de l’Enfant-Jésus,  est maintenant   « Docteur de l’Église ».

Après s’être adressé à son Père, Jésus  s’adresse  à nous, lui qui est présent dans notre monde qui, depuis la « catastrophe spirituelle originelle », se trouve dans une situation dramatique : ce monde que  Dieu crée bon, est en partie défiguré : l’humanité y est souvent  saccagée et sans cesse ravagée par les puissances mauvaises dirigées par le Prince de ce monde.

Du fait de la situation de notre monde qui n’a plus rien de « paradisiaque », des fardeaux innombrables  nous accablent et c’est pourquoi  Jésus, présent parmi, nous invite  à le suivre : «Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos ».  

Les fardeaux, par leur lourdeur, peuvent faire plier et écraser : les guerres, les maladies, la misère, les catastrophes naturelles ou celles provoquées par la tyrannie des hommes. La vie humaine est sans cesse agressée et menacée aussi par ces fardeaux que  sont les péchés qui tyrannisent  ceux qui vivent sous « l’emprise de la chair », selon l’expression de saint Paul.

Les fardeaux,  Jésus ne les supprime pas mais il nous appelle  à  les envisager, d’une façon nouvelle, à la lumière de sa Croix, ce terrible fardeau qu’il a porté jusqu’à  la mort : «Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos ». Ce « repos »  est lié à cette autre réalité dont nous parle Jésus et qui a aussi un poids qui est, lui, « léger » : « Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos ». Un  «  joug », c’est cette pièce de bois que l’on met sur la tête  des bœufs pour les atteler en vue du  labour et, au sens figuré,  c’est toute  contrainte. Le joug, c’est pour Jésus, ici, une hyperbole : il n’est pas en bois et ce n’est pas une servitude.  Le joug du Seigneur c’est le don qu’il  nous fait en nous donnant le commandement de l’amour qui nous associe à la vie de  Dieu qui est amour : « Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger».  Jésus « doux et humble de cœur » s’est placé lui-même parmi les « tout petits ».  

Le père Marie-Joseph Perrin, qui vécut dans ce couvent et fut un « Juste parmi les nations » a longuement médité le « Mystère de la charité », écoutons le, un instant : « L’Esprit-Saint en nous donnant une conscience d’enfants de Dieu et en nous en inspirant les actes et les sentiments est vraiment la loi nouvelle.  Cette loi nous instruit intérieurement des intentions du divin Législateur ; elle suggère le bien à faire, non par une réception extérieure, mais par une secrète sympathie pour ce qui convient à un enfant de Dieu et elle donne  aussi le pouvoir de réaliser l’idéal qu’elle  a montré ». 

Que l’Esprit Saint qui nous a été donné, fasse de nous,  par  Jésus-Christ Notre Seigneur, une éternelle offrande à Notre  Père des Cieux. Amen