Jésus est amour et vérité

par 18 Juil 20212021, Homélies, Temps Ordinaire

Les grands héros, dans les romans et dans les films, ne font pas de très grandes choses au début de l’histoire. Frodon est un simple Hobbit, qui aime boire de la bière et fumer l’herbe de la Comté. Harry Potter n’est pas le meilleur sorcier de sa classe, et il est même plutôt en retard par rapport à ses amis.

Dans le début de l’aventure, on voit le héros en prise avec des difficultés, et souvent très impuissant devant les choses qu’il doit gérer. Il n’est pas capable, il n’a pas les ressources nécessaires pour vaincre, et pourtant il se passe toujours quelque chose qui le sort du mauvais pas, une sorte de bonne étoile du gentil.

Peu à peu, à mesure que l’on avance dans le livre, on se rend compte que le héros traverse ses épreuves avec une part de chance, certes, mais aussi parce qu’il y a quelque chose en lui de tout à fait spécial. Le héros ne nous impressionne plus tant par ce qu’il fait. A travers ses actions, l’auteur nous fait découvrir, peu à peu, qui le héros est, il nous fait voir la profondeur de sa personne.

Frodon est plus impressionnant qu’Aragorn ou Gandalf non par ce qu’il sait faire des choses plus impressionnantes, mais parce qu’il est celui qui peut résister à la séduction de l’anneau. Harry Potter n’est pas au-dessus d’Hermione parce qu’il sait mieux utiliser sa baguette magique, mais par ce que sa vie est le fruit d’un sacrifice par amour, et qu’il choisit tome après tome, d’aimer plutôt que de se venger…

Les textes de ce jour ne nous impressionnent pas par ce que Jésus fait, mais parce qu’on nous révèle peu à peu, par un grand voyage dans l’écriture, qui il est profondément.
Voici venir des jours– oracle du Seigneur,
où je susciterai pour David un Germe juste :
il régnera en vrai roi, il agira avec intelligence,
il exercera dans le pays le droit et la justice.
Voici le nom qu’on lui donnera :
« Le-Seigneur-est-notre-justice. »

Dans l’Évangile, cet homme fatigué, cet homme qui n’a plus le temps de manger, et souhaite prendre un temps à l’écart, est la justice même de Dieu, d’après la prophétie de Jérémie.
Saint Paul complète ce portrait par un autre attribut, la paix de Dieu.

C’est lui, le Christ, qui est notre paix :
la paix pour ceux qui étaient loin,
la paix pour ceux qui étaient proches.

Jésus est la Justice. Jésus est la paix. Jésus qui connaît bien ses psaumes, a conscience d’être la réalisation parfaite de ce qui était attendu et désiré par le peuple Israël lorsqu’il priait le psaume 84 : en Jésus, « Amour et Vérité se rencontrent, Justice et Paix s’embrassent.

Dieu est amour, Dieu est vérité, et promet un règne de Justice et de Paix. Dieu, en Jésus, inaugure ce Royaume, non pas d’abord par des grand faits, mais en la personne même de Jésus, par lequel Dieu nous montre le modèle de l’Homme nouveau en faisant la paix, en réconciliant avec Dieu les uns et les autres en un seul corps : « en sa personne, il a tué la haine ».

Voilà donc notre héros. Dieu fait homme, remplit de l’Esprit Saint, accomplissement de toutes les promesse, qui unit les hommes à Dieu et tue la haine en sa personne.
Le voilà au bord du lac, fatigué, épuisé. La foule qui a reconnu en lui l’accomplissement des promesses ne se laisse pas avoir par sa tentative de retraite. Elle court pour le rejoindre.

Épuisé, affamé, l’homme Jésus pourrait s’enfuir à nouveau, mais choisit plutôt de les enseigner longuement. Il se laisse toucher par cette foule qui n’a pas de guide. Ils sont semblables à des brebis fragiles, qui ne savent pas qui suivre.

Jésus est à la fois cet homme fatigué, épuisé qui ne désire qu’une chose, prendre du repos, arrêter de prêcher à cette foule avide, et Jésus est aussi La vérité de Dieu, l’amour de Dieu , la justice.de Dieu, la paix de Dieu.

C’est un seul et le même, qui est notre paix, notre justice, qui réconcilie l’homme et Dieu, qui tue la haine en sa personne, et qui ne souhaite, ce jour là, qu’une chose, dormir.

Sa mission l’emporte. Son désir de nous conduire vers le Père, par l’Esprit est le plus fort, et il nous enseigne, allant jusqu’au bout de ses limites humaines. Voilà la profondeur de la personne du héros que l’on découvre. Plus qu’un faiseur de miracles, plus qu’un homme au Verbe haut, c’est le bon berger, celui que le Père avait promis, quand il disait qu’il nous conduirait lui-même vers Lui.

Ce n’est pas tant la prouesse physique de notre héros qui impressionne, mais le motif de son action, la compassion, l’amour pour ceux qui sont comme des brebis sans berger.
C’est l’identité profonde de celui qui agit, révélée peu à peu à travers les écritures, qui font de Jésus le héros absolu de Bible, bien au dessus de tous les héros de romans, que l’on suit en imitant tel ou tel aspect de la personnalité…Ici, Dieu lui-même de fait le modèle et nous propose de le suivre en se présentant comme le pasteur de son peuple égaré, en envoyant son Fils les conduire, dans la justice et la paix. Dans l’amour et la vérité.