La Sainte Famille
Cette année, le calendrier liturgique ne nous laisse pas beaucoup de répit : dès le lendemain de Noël, nous fêtons déjà la Sainte Famille ! Jésus est né hier mais aujourd’hui, dans l’Évangile, il a déjà 12 ans. Nous avons à peine eu le temps de répondre à la question : « qu’avez-vous vu à la crèche ? », à peine eu le temps de nous pencher au-dessus du berceau de l’Enfant-Dieu.
L’évangile du jour, nous le connaissons assez bien : le recouvrement de Jésus au Temple, c’est le 5ème mystère joyeux du Rosaire ! Dans ce récit, nous avons deux types d’histoires qui se mêlent. En effet, dans la Bible, il existe deux grands types d’histoire : celles qui racontent l’apparition d’une difficulté que les protagonistes vont chercher à résoudre et celles ou l’on découvre la véritable identité d’une personne.
Aujourd’hui, catastrophe, la Vierge Marie et Joseph ont perdu l’Enfant-Jésus. Il va donc falloir résoudre cette difficulté et le récit nous invite à suivre la recherche angoissante de deux parents qui ont perdu un être cher. Mais, dans le fond, ça ne marche pas ! Nous n’arrivons pas à entrer totalement dans l’histoire parce que l’on nous a déjà donné un élément de réponse : « à la fin de la fête, comme ils s’en retournaient, le jeune Jésus resta à Jérusalem à l’insu de ses parents ». De nos jours, sur allociné (un site internet de critique de film), on donnerait une mauvaise note à ce genre de scénario : énorme spoiler, dirait-on, aucun suspens.
Mais si la chose est si évidente, c’est parce que l’auteur de l’Évangile ne veut pas nouer son récit autour de cet élément : il veut que l’on s’interroge sur la raison de l’attitude de Jésus. Et ce sera d’ailleurs la question de la Vierge Marie : « pourquoi nous as-tu fait cela ? ». La réponse de l’Enfant modifie alors tout le récit : il est le Fils de Dieu et il le sait. Il sait aussi que la Vierge Marie et Joseph connaissent déjà cette information mais il les interroge sur leur propre incompréhension qui va pourtant demeurer sous une certaine forme dans le récit : la Vierge va continuer de méditer cela dans son cœur pour approfondir la réponse de son fils.
Le recouvrement de Jésus et sa réponse permettent donc de boucler l’histoire mais une autre histoire s’est aussi développée à Jérusalem, au sein même du Temple : les docteurs de la Loi s’interrogent aussi sur la nature de Jésus en entendant son enseignement. Cette question continuera d’être posée par ceux qui croiseront le Christ, 11-12 et 13 ans plus tard : qui es-tu ?
Mais, là aussi, nous avons déjà la réponse à cette question depuis longtemps, à vrai dire, depuis l’Annonciation. Mais l’élément nouveau que nous découvrons, c’est que l’enfant-Jésus sait qu’il est le Fils de l’Éternel.
Cet évangile et les enjeux qu’il présente sont à mettre en parallèle avec la Résurrection : cette fois, c’est Marie-Madeleine qui est à la *recherche de Jésus, *trois jours après l’avoir perdu. Les anges ont beau dire qu’il est ressuscité comme il *l’avait annoncé, c’est en le retrouvant que *l’angoisse disparaît mais le Christ écarte la Madeleine en lui disant qu’il doit retourner *auprès de son Père. Cette fois-ci, cependant, il ne retournera pas vers une vie cachée au sein de sa famille car sa mission est accomplie : il a réconcilié l’humanité avec Dieu et son Père est maintenant devenu notre Père.
Cette fête de la Sainte Famille peut nous sembler étonnante à une époque où la famille et son fondement naturel sont attaqués. En ridiculisant le modèle de la Sainte Famille pour se moquer de la famille, les railleurs passent à côté de ce lieu essentiel d’apprentissage et de croissance de l’être humain, que le Christ lui-même a choisi par obéissance pour grandir en sagesse, en taille et en grâce.
Dans la première lecture, le récit du prophète Samuel, de son père Elcana et de sa mère Anne nous présente une femme qui désire être mère et qui, en action de grâce, ne va pas seulement offrir le sacrifice prescrit mais va jusqu’à consacrer son enfant à Dieu.
C’est cela le rôle de la famille : un foyer d’amour, de croissance et qui conduit à la recherche du Bien absolu.
Demandons au Seigneur, par l’intercession de la Sainte Famille, la grâce de conduire librement toutes les personnes qui nous sont confiées à la connaissance et à l’amour de Dieu. Amen.