C’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses… Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur.

Qui peut rendre pur le cœur de l’homme, surtout quand il a été envahi par les ténèbres ? Nous savons purifier les coupes, les carafes et les plats, nous nous appliquons à nous laver soigneusement les mains, mais le cœur, notre pauvre cœur, pouvons-nous le purifier ? Et pourtant c’est lui, notre cœur, comme Jésus nous l’enseigne, qui est la source de pureté et d’impureté. Le cœur pur voit Dieu, et tout est pur pour celui qui est pur. Le cœur souillé est compliqué et malade, tout lui est chagrin et peine, il corrompt ce qu’il touche. Si notre cœur est impur, nous ne pourrons honorer Dieu que de nos lèvres ; s’il est pur, toute notre vie sera à la louange de la gloire divine. Qui donc pourra rendre pur le cœur de l’homme ?

A nous, cela est impossible. Qui pourrait prétendre d’être immaculé devant Dieu par sa propre force, quand les cieux mêmes sont impurs devant son regard ? Le prophète Isaïe le disait : Tous, nous sommes comme des impurs, et tous nos actes de justice comme du linge souillé (Is 64, 5). Et sans la pureté, comment nous approcher du Très-Haut ? Souvenez-vous, le même prophète lors de la vision qui inaugure son ministère s’écrie, terrifié : Malheur à moi, je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au sein d’un peuple aux lèvres impurs, et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur Sabaot (Is 6, 5). Eloigne-toi de moi, Seigneur, je suis un homme pécheur (Lc 5, 8) – supplie Pierre quand Jésus commence à manifester sa puissance. Mon cœur est captif du péché, comment m’approcher du Dieu trois fois saint ?

A l’homme cela est impossible, mais tout est possible à Dieu. Il s’est rendu proche. Oui, je le veux, sois purifié (cf. Lc 5, 13) – cette parole, il l’adresse à toute âme qui le désire et qui le cherche. Marie surnommée la Magdaléenne, celle dont il a chassé sept démons (Lc 8, 2) nous l’enseigne. Là où Pierre demande à Jésus de s’éloigner car il se sait pécheur, elle, la pécheresse, se jette à ses pieds, les touche, les lave de ses larmes, les baigne du parfum… Elle n’est que pécheresse, comment peut-elle toucher le Maître ?- se demande un pharisien, – « et s’il était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche et ce qu’elle est: une pécheresse ! » (Lc 7, 39). C’est parce qu’il est prophète qu’il sait ce qu’il y a dans l’homme. C’est parce qu’il est le Saint qu’il peut purifier même notre cœur. C’est parce qu’il est la Vie même, qui peut entrer, libre, dans notre mort !

Dieu peut purifier notre cœur. Crée en moi un cœur pur, Seigneur ! – priait le psalmiste (Ps 50). Cette purification est une création nouvelle. Celui qui nous a tirés du néant, peut faire jaillir une lumière de sa sainteté hors de nos ténèbres. Pour cela, il s’est rendu tout proche. Pour cela, il se met à la table des pécheurs. Pour cela il se fait notre nourriture. Pour cela, il subit sa Passion volontaire, plonge dans notre mort et ouvre un chemin par sa Résurrection. Marie Madeleine parcourt tout ce chemin : des ténèbres du péchés, des 7 démons qui tourmentent son cœur, jusqu’à la lumière de la Résurrection où tout est pureté et vie !

Les saints sont l’incarnation de l’Évangile : la Bonne Nouvelle prend chair dans leur vie. Ce que Jésus nous enseigne aujourd’hui s’est réalisé dans la vie de Madeleine : son cœur a été rendu pur, car Dieu s’est fait proche d’elle. Accueillez dans la douceur la parole qui est semée en vous ; c’est elle qui peut sauver vos âmes – nous dit l’apôtre. La même chose peut s’accomplir en nous : Quelle est en effet la grande nation dont les dieux soient aussi proche que le Seigneur notre Dieu est proche de nous chaque fois que nous l’invoquons ? Dieu est plus intime à nous que notre mal. Tout ce mal qui vient du dedans et rend l’homme impur, il le prend sur lui et l’enlève. Laissons-nous être purifié par lui !

Que Marie Madeleine, la sainte libérée des sept démons, la femme de la Résurrection, nous prenne par la main et nous guide sur ce chemin de pureté retrouvée !