Parole contre parole
Je mettrai dans sa bouche mes paroles et il leur dira tout ce que je lui prescrirai.
C’est parole contre parole : Jésus parle et le démon parle. Une parole d’autorité contre une parole inconsistante. Une parole qui libère contre une parole qui emprisonne. Une parole de vie contre une parole de mort. Une parole de Dieu contre une parole de diable.
Et nous au milieu, comme pris entre les deux vagues. Au quotidien, nous sommes noyés dans des paroles : leur flot nous submerge. Nous attendons une parole sensée, une parole vivifiante : comment vivre en ce temps de crise ? Que convient-il de faire ? Quel sens a ce temps que nous vivons ? Les réponses abondent, et leur abondance même rajoute à notre misère. Les fausses solutions aggravent les problèmes, donc les paroles qui promettent une libération sans l’apporter ne font que rendre plus dure notre servitude. Où trouverons-nous une parole vraie ? – Une parole lourde de sens, une parole féconde, une parole de Dieu, qui nous la donnera ?
Un homme qui donne la parole de Dieu s’appelle un prophète. Le prophète dans la Bible n’est pas un devin, il n’est pas là pour prédire l’avenir. Ce n’est pas un poète, il n’est pas là pour nous plaire. Ce n’est pas un politique, il n’est pas là pour gouverner et rassembler. Le prophète de la Bible est là pour livrer la parole de Dieu. Non pas la sienne, celle de Dieu. Regardons la première lecture: « Je ferai se lever au milieu de leur frères un prophètes comme toi – le Seigneur parle à Moïse – je mettrai dans sa bouche mes paroles, et il leur dira tout ce que je lui prescrirai ». La bouche est celle d’un homme, la parole – celle de Dieu. La bouche du prophète doit être pure pour accueillir cette parole – pensez à Isaïe dont les lèvres sont brûlées par le charbon de l’autel pour être purifiées afin de proclamer la parole de Dieu. Le prophète doit être affamé de la parole de Dieu – il la cherche, la désire, la dévore – pensez à Ezéchiel qui mange le rouleau des Écritures. Le prophète doit n’être que silence pour que Dieu résonne en lui. Quel homme pourrait être si pur, si donné, si droit pour que rien en lui ne fasse obstacle à la parole de Dieu ? Tous nous avons des lèvres impures, nos pensées sont celles des hommes, non de Dieu, qui nous apportera alors la parole qui nous sauvera?
Et le Verbe s’est fait chair et il a demeuré parmi nous. La Parole de Dieu elle-même – éternelle, immortelle, celle qui est lumière et vie, celle qui a créé notre monde – cette parole vient parmi nous, prends chair dans le sein de la Vierge Mère et habite parmi nous. Jésus, Dieu fait homme, le Verbe Incarné – il est la parole, il est la prophétie, il est à la fois une bouche toute pure et la parole de vie. Le ciel et la terre passeront, ses paroles ne passeront pas, car elles sont esprit et vie.
La parole de Jésus guérit et relève, elle brise les puissances de la mort et donne une espérance inexpugnable, elle est solide et humble. Sa Parole est souveraine et toute simple, elle est à notre portée. Voici mon commandement, aimez-vous les uns les autres. Alors, que faire en ces temps troubles ? Mettre les commandements de Dieu en pratique. Protéger les faibles. Prendre soin des proches. Pardonner. Veiller et prier. Laisser les enfants venir à Jésus. Adorer le Père. Servir les hommes.
Qui de nous pourra tenir dans un feu dévorant ? Qui de nous pourra tenir dans les flammes éternelles? Celui qui écoute la Parole et la garde. Elle est un feu de vie. Elle est la liberté et la guérison. Elle demeure. Le monde passe. Son bavardage passe. Les paroles inconsistantes des princes de ce monde se dissipent comme une fumée ou comme un cauchemar au réveil. Dieu demeure. Sa parole demeure. Et nous demeurerons dans sa Parole.
Elle se donne à nous comme nourriture : le Corps du Verbe nous est livré dans l’Eucharistie. Dans un instant, nous allons adorer ce Corps et nous allons y communier. En disant « Amen » nous confesserons notre foi : tu es le Verbe de Dieu et ceci est ton Corps. En le recevant nous voulons que cette parole éternelle de Dieu demeure et s’accomplisse en nous. Puissions-nous en vivre pleinement !