Réponse simple ?

par 22 Août 20212021, Homélies, Temps Ordinaire

fr_dominique-benoit

Il y a parfois des questions qui surgissent et pour lesquelles la réponse semble si évidente que l’on se demande si celui qui la pose n’est pas en train de se moquer de nous.

Tel est le cas de la question posée par Josué au peuple d’Israël : qui choisissez-vous ? Le Seigneur notre Dieu ou les autres dieux qui vous mèneront à la mort ?

Nous pourrions penser également à cette citation du Deutéronome : « Je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que toi et ta postérité, vous viviez… »

Qui, dans cette situation, oserait dire : « je renonce au Seigneur, je choisis la mort et la malédiction » ?

Notons que lorsque les deux propositions nous apparaissent clairement, le choix est vite fait. Mais nous constatons que notre jugement n’est pas toujours si bien éclairé. Pour beaucoup, le choix entre un plaisir immédiat ou un bonheur plus lointain n’est pas si facile. Après tout, ce bonheur lointain est-il si évident ? Va-t-il vraiment advenir ?

C’est bien ce qui se passe dans l’Évangile : Jésus annonce qu’il est le Pain vivant, descendu du Ciel pour être donné à l’humanité en nourriture. Jusqu’à maintenant, les foules l’ont suivi mais c’est la déclaration de trop : a-t-il perdu la tête ? Pour qui se prend-il ? Que va-t-il nous sortir la prochaine fois ?

De même pour l’extrait de l’épître aux Éphésiens que nous avons entendu : je vois très bien les petits coups de coudes donnés par les maris à leur femme au début de la lecture. Puis, en entendant la suite, un air interrogateur sur le vrai sens de l’union entre les époux. Saint Paul va loin, il va très loin en comparant l’union de l’homme et de la femme avec l’union du Christ et de l’Église. Est-ce que, nous aussi, nous préfèrerons écouter saint Paul, sur ce sujet, une autre fois ?

Finalement, lorsque nous poussons nos interrogations plus profondément, le risque serait d’éloigner ceux qui estiment que les choses sont toujours terre à terre. Ceux pour qui toute image, toute comparaison, toute analogie devient une source de problème et de questionnement superflu qui risque de fausser la réponse.

Et pourtant, c’est bien là que le Christ veut nous conduire : « c’est l’esprit qui fait vivre ».

Il veut nous pousser hors de nos retranchements personnels pour nous faire accéder à l’homme spirituel. L’homme charnel, dans sa rudesse, ne peut accéder à Dieu.

La réponse de Pierre « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » pourrait nous faire croire à une simplicité évidente mais c’est parce que Dieu le Père a déjà donné aux disciples la grâce de la foi.

Cette grâce, ce don gratuit, leur permet de dire qu’ils croient que Jésus est le Saint de Dieu.

C’est aussi la foi qui nous aide à tenir que l’Église est l’épouse du Christ, qu’elle est son corps. Sans ce soutien de la foi, nous tournerions rapidement nos pas et nos pensées loin de cette idée.

Certes, la foi est un don de Dieu mais nous avons à y répondre librement.

J’ai souvent entendu des personnes avouer qu’elles étaient incapables de réciter certaines parties du Credo ou du Notre Père parce qu’elles avaient des difficultés à y croire. Ne désespérez pas, continuez de méditer tout cela dans votre cœur et de demander la grâce de la foi.

Peut-être vous est-il arrivé de penser à quitter l’Église, et sans doute cette question du Christ vous a-t-elle retenue : « Voulez-vous partir, vous aussi ? ». Elle vous a retenue parce que vous connaissiez la force de la réponse de Pierre – « tu as les paroles de la vie éternelle » – et parce que, par expérience, vous avez pu constater cette vérité dans le sein de l’Église.

Placer Dieu au centre de nos vies n’est pas toujours si clair. Dans nos actions quotidiennes, les réalités immédiates ont tôt fait de nous faire choisir la voie de la facilité. Et le tentateur profite également de notre difficulté à voir plus loin que le bout de notre nez.

Lorsque la réponse à nos considérations n’est pas si évidente, demandons l’aide de l’Esprit Saint. Ne craignons pas d’aller plus en avant dans la réflexion même si la chose nous semble complexe et intellectuelle. Il y a un mystère dans lequel nous devons accepter de plonger pour commencer à le saisir.

On dit, en théologie, que le premier attribut de Dieu est la simplicité… Au bout de nombreuses années d’études de théologie, on cherche encore à essayer de commencer à comprendre qui est Dieu. Et pourtant, nous sommes dans l’espérance de passer l’éternité à connaître et aimer Celui que nous pourrons contempler dans un simple regard. Amen.