sur l’autoroute du Ciel
La patience de l’homme et la patience de Dieu, sont très différentes. Prenons une scène classique. Le péage bondée d’une autoroute à la fin des vacances. il fait chaud, ça klaxonne. Dans une belle BMW, un couple termine ses 5 heures de route. Devant eux, une vieille Clio qui se place manifestement beaucoup trop loin pour pouvoir payer. Madame ne voit rien. Monsieur a très bien vu.
La vitre s’ouvre… Une main sort de la fenêtre, âgée, tremblante, et pleine de pièces.
Monsieur est déjà un peu tendu.
Le bras est trop court, pour y arriver, mais la dame essaie quand même, et toutes les pièces tombent par terre, sous la voiture, évidemment.
A ce moment, en principe, Monsieur est en furie absolue. Et Madame en est un peu agacée.
Voilà le manque de patience humain. Le tort de cette grand-mère ? Elle s’est garée trop loin. Elle a fait ce qu’il fallait, choisir la file, ouvrir la fenêtre, préparer les pièces… mais elle l’a mal fait. Elle a fait une petite erreur, et l’homme derrière, est incapable de garder patience.
Regardons maintenant la patience de Dieu.
Dans son rapport à Dieu, l’homme ne se contente pas de mal faire, ou de faire à moitié. Il fait exactement l’opposé de ce qui convient. Alors qu’il est créé pour vivre en amitié avec Dieu, il décide de se faire l’égal de Dieu. Il triche, il ment, il s’enfuit.
Alors qu’il est créé pour donner la vie et la faire multiplier sur la terre, il prend la vie de son propre frère, quand Caïn se fait le meurtrier d’Abel.
Au fil des jours, au fil des premières années de la création, sous les yeux du créateur, Méchanceté, orgueil, mensonge se multiplient.
Chaque jour, l’homme se détourne un peu plus de Dieu, et se tourne un peu plus vers les créatures et vers lui-même.
Dieu s’énerve-t-il ? Perd-il patience ? On pourrait croire que c’est le sens du déluge. Je n’en suis pas si sûr. Parmi tous les hommes, Dieu guette. Son regard cherche, et trouve Noé. Ce qui a été détruit, Dieu veut le reconstruire, il veut rétablir l’alliance. Et il veut que cette alliance soit visible par toutes les nations, par l’arc en ciel qui s’élève dans les nuées.
Cette alliance culmine dans le don de son Fils. Il vient combattre le diable à notre place. Il vient souffrir pour vaincre le péché, et la mort, et nous fait participer à cette victoire par le baptême.
Revenons à notre péage. Jamais l’homme dans la voiture de derrière, voyant la dame se garer trop loin, ne se dit qu’il pourrait sortir de sa BM pour lui prêter secours, prendre les pièces, et les mettre, à sa place. Non, c’est tellement plus grisant de s’énerver tout seul. Imaginons un instant que cet homme dans la voiture de derrière, ce soit Dieu. Devant lui, à la place de la vielle dame, il y a Adam, Ève, Caïn, Juda, vous, moi, pécheurs que nous sommes. Le pécheur de la voiture de devant ne fait pas que se garer un peu trop loin ou faire tomber quelques pièces. Il refuse de payer, il essaye de forcer la barrière, il ment à l’agent qui vient l’interpeller , le frappe, le bat à mort… Il fait n’importe quoi, sous le regard de son créateur.
Dieu, dans la voiture de derrière, descend. Il marche vers l’homme, le regarde, tire de sa poche les pièces nécessaires, paye à sa place, ouvre la barrière, et lui souhaite bonne route !
Cela paraît scandaleux, mais… C’est encore beaucoup moins ce que Dieu a fait en Jésus. En nous donnant son Fils, en se donnant lui-même, pour combattre pour nous. pour racheter notre faute, au prix de son propre sang. Voilà jusqu’où va la patience de Dieu.
Fais-moi connaître, Seigneur, tes voies, mon Dieu, enseigne-moi tes sentiers ;
Ce chemin, cette voie ouverte par le Seigneur, derrière la barrière du péage, est immensément large. Il n’y a qu’une destination, le ciel. Il suffit de viser tout droit, sous l’arc en ciel, et on est conduit par la grâce là ou Dieu veut nous mener. Et malgré cela, malgré le fait que Dieu ait combattu pour nous, à notre place, qu’il ait payé le péage et ouvert la barrière, les voitures s’efforcent encore de se rentrer dedans. De gagner les côtés de la route pour sortir de ce chemin du Seigneur. Ces voitures ce ne sont pas que les païens qui ne vont pas à la messe. Ce sont tous les pécheurs, y compris ceux que nous sommes, accumulant péché sur péché, nous faisant peu à peu, les meurtriers de nos âmes.
Droiture et bonté que le Seigneur : lui qui remet dans la voie les égarés ;
qui dirige les humbles dans la justice, qui enseigne aux malheureux sa voie.
Dieu ne se lasse pas de nous remettre dans le bon chemin. Mais il nous demande une vertu. L’humilité. Il nous demande de renoncer à cette tentation d’Ève qui est encore la nôtre, de nous damner tous seuls comme des grands, plutôt que de participer, humblement, à la victoire du Christ, sur le Prince de ce monde.