Et c’est encore le peuple d’Israël qui se détourne du Seigneur !

Que le Peuple de Dieu, le peuple d’Israël se soit détourné du Seigneur, en lisant l’Ancien Testament, nous le voyons sans arrêt. Et sans cesse, le Seigneur pardonne, sans cesse Il le rappelle à sa vocation première : la sainteté.

Et ce que dit le livre des Chroniques, dans la première lecture, c’est que les prêtres eux-mêmes ont été infidèles, ont imité les abominations des païens et ont profané le Temple, le lieu même de la présence de Dieu au sein de son Peuple. Mais attention, il ne faut pas croire que ce péché à l’œuvre, dans l’Ancien Testament, n’existe plus et que nous pouvons lancer la pierre sans sourciller.

Le Carême est un moment de conversion et nous savons que cette conversion est, finalement, à renouveler chaque jour que Dieu nous donne sur la terre. Toute l’humanité est appelée à changer son cœur de pierre, à revenir vers le Seigneur son Dieu, à accepter la lumière et à rejeter les ténèbres.

Toute l’humanité ? Oui, toute l’humanité, et personne ne peut se prétendre en-dehors de ce dessein de communion avec Dieu.

Il y aura, peut-être, un groupe d’irréductibles qui pensera ne pas avoir besoin de Dieu et qui s’enfermera dans son village gaulois – mais ce sera pour leur malheur éternel.

Oui, le peuple des baptisés, les laïcs, les consacrés, les prêtres : tous pécheurs ! qui doivent chaque jour rejeter le mal et venir à Dieu de tout cœur. Il n’y a pas d’exception.

Mais jusqu’où s’étend la miséricorde de Dieu ? Jusqu’à 70 fois 7 fois, nous répond Celui qui a été envoyé par Dieu le Père pour sauver le monde. Et sa miséricorde s’étend d’âge en âge, répond celle qui a cru en l’accomplissement des paroles de l’envoyé de Dieu.

Et la miséricorde, qui est la justice même de Dieu, va inclure une dimension temporelle pour nous : tout comme la terre dévastée qui a besoin de 70 ans pour se reposer du mal qui a été commis, le cœur de l’homme a besoin de temps pour que la blessure du péché, guérie par le Seigneur, soit apaisée au maximum. Ce sentiment de culpabilité, après la conversion, après la confession peut être un bien s’il nous aide à nous souvenir de notre petitesse et nous soutient dans nos efforts pour ne plus retomber. Mais si cette culpabilité continue de nous accuser et nous éloigne de Dieu, dans les ténèbres, par crainte, alors c’est un mal qui attaque notre foi vis-à-vis du pardon que Dieu nous donne dans les sacrements et qui attaque notre espérance en Dieu qui veut nous sauver.

Pour sa Providence, le Seigneur sait utiliser toute chose ! Ainsi dans la permission que Dieu donna aux Babyloniens de déporter le peuple de Dieu, mais aussi dans la volonté d’un roi païen, Cyrus, qui permit la reconstruction du Temple et la possibilité pour le peuple de retourner à Jérusalem.

Ainsi, la frontière du Bien et du Mal ne passe pas entre le Peuple et les Païens. Tous les peuples sont appelés à la lumière, mais les hommes préfèrent les ténèbres et s’attachent à leurs actions mauvaises.

Nicodème qui vient questionner Jésus, dans l’Évangile, vient « de nuit ».  Et le Verbe de Dieu l’entretient sur la Lumière véritable qui est venue dans le monde.

Comment vouloir venir dans la Lumière alors que nous sommes dans les ténèbres ?

Comment tomber dans les ténèbres alors que nous avons vu la Lumière ?

Pourquoi nous enfermer volontairement dans la Caverne, dans les illusions éclairées par la lumière du feu que nous aurions volé à Dieu et dont nous voudrions être les seuls porteurs, loin de la lumière de la Vérité ?

L’attachement au mal, au pouvoir, aux richesses, aux choses qui passent, est illogique.

Mais le père du mensonge, le lucifer, est doué pour encourager le pécheur à l’abandon définitif du combat et à la pauvreté de sa lumière égoïste.

C’est la grâce de Dieu qui nous fait entrevoir la lumière véritable et nous aide à venir à elle, à larguer le poids des doutes, des faiblesses et du péché.

Le mal aveugle peu à peu notre conscience mais cette dernière, dans des sursauts de vie et parfois même dans un sursaut qui semble ultime, peut encore saisir cette lumière. Un seul regard porté vers Dieu et nous sommes guéris, notre aveuglement commence à se dissiper. Et la lumière qui nous illumine de l’extérieur, cherche à se répandre en nous pour que nous en brûlions et puissions en briller pour le monde.

Lorsque cela arrive, n’ayons crainte, n’hésitons pas, que notre âme ne se trouble pas,  le Seigneur, dans la confession, nous tend la main pour nous relever : il va nous pardonner la multitude de nos fautes. Amen.