Avant d’entendre la Passion de Notre Seigneur je vous propose trois clefs de lectures. Elles vous aideront j’espère à entrer plus avant dans les profondeurs de ce récit.

            La première clef est celle du Notre Père. Jésus nous a appris cette prière mais il la prie aussi lui-même aux dernières heures de sa vie. Où dit-il « Que ton règne vienne ? » A la Cène : « Jamais plus désormais je ne boirai du fruit de la vigne jusqu’à ce que vienne le règne de Dieu ». Est-il question dans la Passion d’entrer en tentation ? Oui : « Priez pour ne pas entrer en tentation », dit-il aux disciples au mont des Oliviers ; En ce même lieu, Jésus s’adresse à son Père: « que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse mais la tienne ». Enfin sur la croix il clôt sa prière en implorant le pardon pour ceux qui l’ont offensé : « Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34). Voilà de quoi redécouvrir le Notre Père et de voir que la longue Passion de Jésus est elle-même une intense prière.

            La coupe est ma seconde clef de lecture. On la rencontre à l’agonie de Jésus : « Père si tu veux, éloigne de moi cette coupe ». Dans l’AT toutes les mentions de la coupe, sans exception, se rapportent à des souffrances données comme châtiment du péché, et plus précisément comme châtiment eschatologique des impies (Is 21,17 et 22 ; Jr 25,15-29 ; 49,12 ; 51,7 ; Lm 4,21 ; Ez 23,31-33 ; Ps 11,6 ; 75,9…). Jésus à la suite des grands prophètes de l’AT va se porter volontaire pour boire cette coupe à notre place. Isaïe l’annonçait : le Messie accepte de « porter le péché des multitudes ». « Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui », « dans ses blessures nous trouvons la guérison » (Is 53). Jésus dans sa Passion va boire cette coupe jusqu’à la lie pour expier les péchés de tous les hommes.

            Qu’est-ce que l’homme Seigneur pour que tu veilles à ce point sur lui ? (cf. ps 8). Pourquoi Jésus accepte-il de subir la Passion pour nous ? La troisième clef s’avère être nos petites âmes. Jésus l’a dit : vous n’êtes plus mes serviteurs, vous êtes mes amis. Alors par amour pour ses amis, il fait ce qu’il faut pour les sauver. Ainsi comprenons-nous pourquoi Jésus et le Père décident de continuer jusqu’au bout ce mystère de la Passion : en raison d’une profonde amitié pour nous, pour nos âmes appelées, avec celle du bon larron, à prendre place auprès de Dieu au Paradis.

            Le Notre Père, la coupe, notre amitié avec Dieu brillent au cœur de la Passion de Notre Seigneur. Ils brillent également au cœur de chaque messe et cela non sans raison.