Encore l’Avent ?

par 27 Nov 20222022, Avent, Homélies

fr_dominique-benoit
Et voici que le temps passe encore et encore et encore. Et nous venons d’entrer dans une nouvelle année liturgique alors que nous nous sommes réjouis, dimanche dernier, de la venue future du Christ dans la gloire. Voici que nous nous préparons maintenant à fêter sa première venue dans l’humanité.

Mais, il faut le dire, nous sommes un petit peu à la bourre ! Car c’est le 25 mars que le Verbe s’est fait chair, au jour de l’Annonciation. Aujourd’hui alors que nous commençons tout juste à nous préparer à Noël, la Vierge Marie en est à 8 mois de grossesse. Le problème c’est que, dans les Écritures, pendant une grande partie de cette grossesse, cet enfant à venir n’est pas totalement repérable et il en va de même physiquement lorsqu’une femme est enceinte, il faut un peu de temps avant de le coir. Il faut dire que, des 30 premières années de vie de Jésus, les évangélistes révèlent surtout cette vie cachée au sein de l’humanité. À l’image de ces mois de grossesses où l’enfant est caché et grandit dans le sein de sa mère.

Alors bon, l’Église ne nous laisse que ce dernier mois pour nous préparer à la venue de l’enfant Jésus. Le temps, peut-être de fignoler les derniers détails avant l’accouchement ou alors, au contraire, de terminer le gros œuvre de la future chambre ! Chacun selon son caractère. Arrivés à la 8ème heure, nous espérons être fin prêts pour la 9ème où le Sauveur va se manifester.

Mais, dans le fond, pourquoi l’Église, dans son temps liturgique, ne suit-elle pas la vie du Christ année après année ? Nous pourrions, en effet, avoir un calendrier liturgique avec un cycle de 33 ans.

Outre la faible quantité de textes bibliques que nous possédons pour accompagner une telle durée, nous nous rendons compte que la nature possède un rythme annuel, non pas dans un cycle de rotation tenu dans le vide qui se répèterait simplement,  mais dans un cycle qui avance dans le temps. Et c’est dans ce temps que le Verbe s’est fait chair, qu’il a habité parmi nous. Bientôt, la lumière va l’emporter sur les ténèbres (je sais que c’est difficile à croire alors que nous venons à peine d’allumer nos radiateurs et nos cheminées) et la portée symbolique de l’année liturgique, calquée sur le rythme de la nature, accompagne sa portée spirituelle, eschatologique. Si pendant le mois de mars et les mois suivants, nous ne nous inquiétons pas de la croissance de Jésus dans le sein de sa mère, c’est tout simplement que cela coïncide avec le moment où le Christ s’avance vers sa Pâque.

Cela nous oblige à regarder la fin, la finalité, plutôt que le début : pour nous les hommes et pour notre Salut, Il descendit du ciel. Voilà le but de l’Incarnation. Il est moins important de s’intéresser à la grossesse de la Vierge Marie que de nous tourner vers la Croix.

Cela nous oblige également à accepter que l’action de Dieu nous précède toujours : nous sommes obligés de prendre le train en marche car son dessein a déjà commencé à se mettre en marche et c’est à nous d’accepter d’entrer dans sa volonté qui nous dépasse.

Pas après pas, le marcheur grimpe vers les sommets, c’est à chaque fois le même geste mais c’est bien pour avancer. Tout comme la Maison du Dieu de Jacob du haut de sa montagne resplendit dans la nuit et attire à elle tous ceux qui la voient briller, nous sommes attirés par la lumière de ce phare qui brille pour nous éviter les périls. Et ce phare a été bâti par Celui qui veut nous éviter la mort et qui connait les écueils dans lesquels nous pouvons tomber. Même si la nuit est bientôt finie, continuons d’avancer vers cette lumière et faisons en sorte de partager cette lumière pour ceux qui sont derrière nous.

L’Homme a besoin de répétition pour se convertir et affermir son attachement à Dieu. Avents après avents, carêmes après carêmes, ce n’est jamais le même Avent ni le même Carême. Fêtes liturgiques après fêtes liturgiques, années après années, générations après générations, continuons inlassablement cette œuvre de sanctification personnelle et de sanctification notre monde. Revêtons-nous des armes de la lumière, afin qu’à l’heure fixée, nous soyons redressés et que notre tête soit relevée pour la venue de notre Seigneur.

Bon Avent !