Ils ne les ont pas crues ! – Pour les apôtres, leur expérience pascale commence par un bel acte de l’incroyance : lorsque les femmes – Madeleine, Jeanne, Marie mère de Jacques, les autres – leur racontent le tombeau vide et l’annonce que Jésus est Vivant, qu’il est le Vivant, « ces propos leur semblèrent délirants… »
La mort est certaine. Elle est gravée dans leurs esprit, elle les domine. De la mort – ils en sont sûrs. Pourtant, un seul d’entre eux se tenait au pieds de la croix – le disciple bien-aimé, les autres ont fui. Certains, en rajoutant à leur fuite une trahison. Ils ne l’ont pas vu mourir. C’étaient des femmes, elles, fidèles, qui se tenaient là, debout… C’étaient des femmes qui ont accompagné son corps, déposé par Joseph d’Arimathie dans un tombeau neuf, elles, non pas les apôtres. Elles ont préparé les aromates, et c’étaient elles qui avançaient à la pointe du jour pour oindre ce corps supplicié. Mais les apôtres, donc des traîtres et des lâches, refusent leur témoignage.
Comme si avec la mort leur était devenue connaturelle. Ils ont appris à vivre avec. Tu es poussière, tu reviendras à la poussière, et rien de plus. Oui, il y a eu des miracles, oui, il y a eu des signes, oui, les démons étaient expulsés, les foules ont été nourries, Lazare est sorti du tombeau sur l’ordre de Jésus, mais c’est fini ! Comme si cela n’était qu’une parenthèse.
Tu es poussière, tu reviendras à la poussière. Oui, notre existence est marquée par le mal. La maladie, la guerre, la mort sont là pour nous le rappeler. Notre propre péché est là pour nous le susurrer : la mort est certaine. Accepte et tais-toi. Attends ton tour.
Quand les femmes font irruption dans notre pièce où nous sommes si confortablement installés dans notre mort et nous annoncent que Jésus est Vivant, les écouterons-nous? Oui, tu es poussière et tu reviendras à la poussière, mais « Moi – dit Jésus – je suis la Résurrection et la Vie ! Crois-tu cela? » Et Marthe, une femme, proclame, « oui, Seigneur, je crois » !
Et si tu le crois, cette résurrection deviendra tienne. « Telle est la volonté de mon Père : que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 6, 40).
Tu ressusciteras. Tu es poussière, mais tu ressusciteras ! Tu reviendras à la poussière, mais le Vivant t’en relèvera. « Si nous sommes en communion avec le Christ par une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection semblable à la sienne ». Désormais, en se penchant sur un enfant qui vient d’être baptisé on peut lui chuchoter tout doucement : tu ressusciteras ! En tenant dans un hôpital la main d’une très vielle dame et une bonne amie déjà plongée dans le coma, on peut lui dire en vérité : tu ressusciteras ! Ma sœur, dont l’âme est étouffée par mille soucis, redresse la tête : tu ressusciteras. Toi, mon frère, qui portes le poids du jour et dix mille choses à tenir, n’aies pas peur, tu ressusciteras. Toi, jeune homme, qui cherches ta voie dans la vie, avance généreusement et sans crainte : tu ressusciteras. Le monde passera. La guerre passera. Les richesses et la gloire passeront. Le ciel et la terre passeront. Les paroles de Dieu ne passeront pas. Vis ! Existe ! Sois ! Tu ressusciteras !
Pierre, tu cours au tombeau. Les paroles des femmes te semblent délirants, mais tu cours au tombeau. Bénie soit ta course ! En se penchant, tu ne vois que le linceul vide, et tu rentre tout étonne, mais sache : il est ressuscité et tu ressusciteras.