Trois bonnes nouvelles

par 5 Mai 20242024, Homélies, Temps Pascal

fr. Antoine o.p.

Avant de regarder les textes de ce dimanche j’étais un peu inquiet. En effet la dernière fois que j’ai préparé une prédication du dimanche, les textes étaient petit peu difficile. La bonne nouvelle était comme parsemée de mauvaises nouvelles, il fallait prêcher sur l’enfer et la damnation.

Mais en regardant les textes d’aujourd’hui, Ô fortune ! Que des bonnes nouvelles. J’en ai recensé 19. Je vous propose, si ça ne vous dérange pas trop, de n’en garder que trois.

Première bonne nouvelle : le seigneur nous appelle ses amis. Si le mots amis se limite à la définition de vos enfants «  Un ami c’est  quelqu’un qui est sympa avec moi » ou « avec lequel je fais des trucs bien », la nouvelle n’est pas si bonne que cela.

En Effet, Dieu n’est pas sympa… Dieu nous aime.

Ils ne regarde pas le bien qu’il tire de nos échanges avec Lui, il ne compte pas les moment où l’on s’intéresse à lui, mais il s’attache à nous, à ses créature de tout son être, il veut nous perfectionner sans cesse il veut nous réjouir de sa présence, il est prêt à tout nous pardonner pour venir demeurer en nousen nous combler de sa joie.

Jésus nous appelle ses amis : il fait de nous ses amis. Jésus ne constate pas son amitié avec nous. Il ne dit pas : chic alors, vous êtes mes amis ! Cette parole de Jésus est comme une nouvelle création, qui nous rappelle les premières pages de la Genèse. En son Verbe, Dieu a dit, « que la lumière soit », et la lumière fut. Aujourd’hui le Verbe de Dieu dit : « je vous appelle mes amis »,  et l’amitié fut.

Il fallait une recréation pour devenir ami de Dieu. Depuis le péché d’Adam, l’humanité déchue était trop difforme, trop abîmée par le péché et la mort. C’est par le don de sa grâce que nous devenons aimables aux yeux de Dieu.

Ainsi cette bonne nouvelle de l’amour de Dieu pour nous est indissociable du don de son Esprit

Sans l’esprit saint pour nous rendre aimable, Dieu ne pourrait jamais nous aimer. Dieu n’aime que ce qui est bon, et le péché d’Adam nous avait rendu mauvais. Par le baptême d’eau et d’esprit Dieu lave ce péché et nous rend à nouveau aimables. Alors il peut faire en nous sa demeure, et il peut nous laisser demeurer en lui. Alors il peut répandre en nous son amour et sa joie.

Deuxième bonne nouvelle : Jésus nous aime non pas de n’importe quel amour, mais de l’amour dont le Père l’aime, et dont il aime le Père.Je pense que vous le saviez avant d’arriver, mais Saint-Jean vous l’a dit quand même aujourd’hui: « Dieu est amour ». Cela paraît évident nous le répétons sans cesse, mais je vous mets au défi de m’expliquer ce que cela veut dire…

En effet, l’amour c’est quelque chose. Alors que Dieu c’est quelqu’un. Roméo aime Juliette. Mais Roméo n’est pas amour et Juliette non plus. L’amour c’est ce qu’il y a entre Roméo et Juliette. L’amour est donc quelque chose entre deux personnes. Or Dieu est unique. Dieu a de l’amour pour sa créature, ça ça va… mais comment comprendre que Dieu est amour.

Avant la création,  Dieu est tout seul. Avant de créer, il est déjà amour. Il l’a toujours été, ça ne l’a pas pris comme ça, un matin…

Si Dieu est amour il faut qu’il y ait en Dieu quelqu’un qui aime ;  quelqu’un qui est Aimé ; et de l’amour qui les joint.

Jésus nous révèle l’identité de ces personnes :  le Père qui se donne entièrement sans rien garder pour lui-même dans le parfait exemple de l’amour. Le Fils, parfaite effigie de sa substance, qui se reçoit entièrement du père et lui répond par son amour. L’engendrement du Fils étant éternel, il y a en Dieu une circonvolution éternelle d’amour du Père vers le Fils et du Fils vers le Père. Il y a entre eux un amour parfait, suprême, qui est La Source même  de l’amour : la personne de l’Esprit Saint.

Comme le Père m’a aimé moi aussi je vous aimé. L’amour que le père a pour moi c’est la personne de l’Esprit Saint. L’amour que je donne à mes amis n’est pas en dessous de cela. En vous appelant mes amis je vous crée et vous rend aimables à Dieu. En vous aimant de l’amour dont il m’aime j’affermis en vous le don de l’Esprit qui procède du Père et du Fils.

Notre deuxième bonne nouvelle, là encore nous donne de contempler l’Esprit.

Troisième bonne nouvelle : Jésus met sa joie en nous et veut que cette joie soit parfaite. Cette joie n’est la joie de l’enfant Jésus qui a réussi à faire son premier tabouret de bois et le montre à son papa. Ou la joie de l’adolescent Jésus qui a battu son ami Shlomo au concours d’hébreux de la yeshiva de Nazareth. Dans son humanité Jésus a sans doute éprouvé beaucoup de joie telles que celles-là. Mais la joie dont il parle ici et plus élaboré. Elle est celle qui existe en Dieu depuis toute éternité.

La joie de Dieu n’est pas un état émotionnel, mais plutôt une caractéristique intrinsèque de la nature même de Dieu  Trinité. Elle réside dans l’amour parfait et éternel qui existe entre les trois personnes divines, communion d’amour absolue, où chaque personne de la Trinité se donne entièrement à l’autre dans un acte d’amour parfait et désintéressé. C’est une joie éternelle et ineffable qui émane de la plénitude de l’amour divin qui existe entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et c’est cette joie que le Fils nous donne.

La joie de Dieu est comme une fontaine intarissable de vie et d’allégresse, remplissant chaque instant de grâce et de beauté. La joie de Dieu, c’est son être même, qui se dit et se répand en toute chose. C’est la même vie qui réjouit le Père et le Fils depuis toute éternité, et qui nous est donnée pour que notre joie soit parfaite.