Chronique du couvent – juillet 2020

par | 30 Juil 2020

« L’avenir de l’Eglise »

Pendant 50 jours, après la Résurrection,  les Apôtres  vécurent  cachés par crainte des ennemis de Jésus, puis  ils sortirent et commencèrent  à respirer et à vivre avec l’Esprit -Saint : ils devaient être « universels », catholiques, comme le Seigneur. Une parole prophétique de frère Gérard Timoner, Maitre de le l’Ordre des Frères prêcheurs, se fait entendre : « L’avenir de l’Eglise, c’est là où l’on annonce l’Évangile ».

Una quaresima e una pasqua romana

Le frère Marie-Philippe Roussel, qui est en études complémentaires  à Rome, à l’Université Saint Thomas d’Aquin, l’Angelicum,  a été arraché un temps à ses chères études, éprouvant les servitudes corporelles, dont parle Pascal, il partage son expérience romaine : « L’Ecriture dit que l’ami se révèle au moment des épreuves. Mon épreuve ne fut pas immense, au vu de ce que beaucoup ont souffert durant le confinement. Mais j’ai pu voir, durant cette semaine qui était à la fois le sommet de la vie liturgique et ma première expérience prolongée d’hospitalisation, une lumière réconfortante : celle de la charité entre frères. L’attention de beaucoup de frères, de Rome et de la Province de tout couvent, m’ont allé droit au cœur, cœur dont les médecins ont dû calmer l’infection qui l’entourait. Leurs messages, leurs coups de téléphone, leurs courriels m’ont beaucoup rassuré dans l’inconnu des premiers jours au service du covid avant de m’encourager lorsque les examens ont pu identifier la raison de mes fatigues et de ma fièvre. Sans compter frère Maxime qui a pu me rendre visite et me porter la communion, ainsi qu’un frère pakistanais qui m’envoya un de ses amis aumôniers. Bien sûr, j’ai pu admirer le dévouement et la patience extrême des infirmières, j’ai pu expérimenter notre fragilité suite à la mort d’un de mes camarades de chambre. Je n’envisageais pas de vivre ces évènements si tôt. Mais ils m’ont éclairé tant dans ma prière que dans la joie d’appartenir à une vraie famille, celle de notre ordre. Que cette expérience de petitesse serve désormais à ma propre attention envers ceux qui sont faibles et petits ».

A nouveau, les départs apostoliques

Dès la fin du confinement les frères ont repris les activités : prédications de retraites dans des communautés, des monastères ou des centres spirituels, en paroisses latines ou chaldéenne, catéchèses scolaires, groupes de prière, Rosaire à l’église, weekends scouts, célébrations de mariages, cours dans des séminaires, marches des familles, présence à  l’Arsenal de Toulon et, à Genève, dans des Instituions internationales.

De Marseille à Saint-Denis

En la fête du Sacré-Cœur, le 19 juin, notre frère Vincent Tierny a pris son envol pour la Réunion, sa nouvelle communauté dominicaine. Pendant des années il fut procureur du couvent, aumônier régional des Scouts de France, avocat à l’Officialité de l’Archevêché métropolitain de Marseille, ayant dans tous ces domaines une intense activité tant pour la formation des jeunes que  pour l’aide aux couples en situations difficiles.

Les Philippines, le Canada

Le frère Thomas de Gabory, nous a fait la joie d’une  brève escale au couvent : après trois  années d’enseignement à l’Université de  Santo Tomas à Manille, il est maintenant au couvent  Saint-Jean-Baptiste  à Ottawa et enseigne la Théologie morale et la Bioéthique au Collège universitaire  dominicain : il est Père maître des étudiants de la Province canadienne de Saint-Dominique. 

Aux dimensions de la Province

Le frère Renaud Silly, du couvent de Toulouse, est venu quelques jours à Marseille pour parler de l’histoire de notre Province aux frères novices qui n’ont pas encore fini d’en faire le tour, tant dans son passé que dans son présent. Le restaurateur de l’Ordre des Frères Prêcheurs en France, n’avait pas ignoré notre ville, il avait même conquis les Marseillais par son ouverture d’esprit dans sa manière d’annoncer l’Évangile. Un jour le père Lacordaire avait même prêché à la paroisse Saint-Joseph, toute proche du lieu où allait s’édifier un jour notre actuel couvent. Après avoir visité les couvents et les hauts lieux dominicains du Languedoc, les frères novices sont allés, le 18 juin 2020, découvrir l’Ecole Lacordaire, bien connue à Marseille, avec ses 1500 élèves. Le frère Ambroise Chôné raconte cette journée : « Nous, les quatre frères novices, avons passé toute la journée du 18 juin à l’école Lacordaire ! Visiter cette école dominicaine et nous faire connaître aux élèves, tels étaient les objectifs de cette journée organisée par le Père maître et par les frères aumôniers (les frères Louis D’HEROUVILLE, Dominique-Benoît JEAN-LUC et Julien WATO). Après avoir visité les lieux et salué le directeur ainsi que quelques enseignants, il était temps de se jeter dans le grand bain : nous avions un planning serré à respecter pour parler à un maximum d’élèves ! A deux puis tout seul, nous avons fait le tour des classes (55 minutes à chaque fois) pour présenter l’Ordre, la vocation dominicaine et bien d’autres choses. Les questions des élèves fusaient, si bien que nos connaissances toutes fraiches sur l’Ordre et sur la vie religieuse étaient pleinement exploitées ! Certains élèves nous ont même demandé si nous reviendrions les voir… « Eh bien… si Dieu veut, nous reviendrons après nos études dans quelques années, avec joie ! »

Les diacres  visitent leur évêque  « ordonnant »

Les trois frères diacres du couvent de Toulouse, Antoine Odendall, Manuel-Marie Latige et Etienne Harant sont venus à Marseille, le 28 mai, afin rencontrer notre archevêque, Mgr Jean-Marc Aveline, qui doit les ordonner prêtres à  Toulouse, le  27 juin prochain.

Le « Cercle Thomiste » marseillais

L’idée de fonder un Cercle Thomiste au convent a surgie dans les Calanques… C’était lors d’une sortie qu’y firent les frères Marie-Olivier Guillou, Dominique-Benoit Jean-Luc et Louis d’Hérouville : réfléchissant aux nombreuses et importantes questions que de toutes part on leur posait sur la foi et la destinée humaine, ils ont pensé qu’il serait bon d’adopter la formule des Cercles Thomistes, qui a fait ses preuves, par exemple au couvent du Caire où il a formé bien des laïcs chrétiens. Désormais à Marseille, chaque deux semaines, un groupe d’étudiants et jeunes professionnels se réunissent autour de ces frères pour étudier, à la lumière de l’enseignement de saint Thomas d’Aquin, une question de théologie et de vie chrétienne : l’Incarnation, la Résurrection et l’Eucharistie ont  déjà été étudiés. Réunis en petits groupes, les participants préparent un des articles de la Somme  de Saint Thomas, et  leurs questions. L’un des frères fait alors une lectio sur le sujet. Tout cela a du succès…

 « Oncle Charles »

Charles de Foucauld est l’arrière-arrière grand-oncle de notre frère Louis d’Hérouville qui descend de Marie, l’unique sœur du bienheureux Charles, à qui il écrivit 542 lettres, pleines de sollicitude, s’intéressant aux moindres détails de sa vie familiale. Lorsque le 1er décembre 1916, le père de Foucauld fut assassiné à Tamanrasset, sa sœur avait toute une famille que le frère Louis nous présente : « Marie de Foucauld avait épousé Raymond de Blic et leur fils Maurice épousa Mecthilde de Rozières dont la fille, Jeanne de Blic, épousa Pierre de Béchillon-Boraud. Leur fille Martine épousa Michel d’Hérouville, qui eurent quatre enfants dont moi-même ». Lors de son ordination sacerdotale, le 29 juin  2014,  le frère Louis a été revêtu de la chasuble par son grand-oncle prêtre, Paul de Blic, le frère de Jeanne. Fils de Maurice, Paul avait souvent entendu parler de l’ « Oncle  Charles », comme on dit dans sa famille. Frère Louis évoque une anecdote familiale : « Oncle Charles était avec Maurice à la Sainte-Baume et Charles paya un louis d’or le conducteur de la voiture qui les y avait conduit. Maurice frémit en voyant cela et dit : « Mais mon oncle, c’est beaucoup trop ! » : oncle Charles répondit : « Je sais ce que je fais ». Cette anecdote évoque à la fois la générosité du saint pour les petits, mais aussi son côté un peu « bohème » dans les gestions financières dont il fit souvent les frais ».  Alors Frère Louis, tu iras à Rome pour la canonisation ? – J’espère.

Aix-en-Provence

Des « Prêcheurs » à tous les coins de rue et dans les enseignes  des magasins situés autour de notre ancienne église, Sainte-Marie-Madeleine : restaurant des Prêcheurs, place des Prêcheurs, rue des Prêcheurs, pharmacie des Prêcheurs, brasserie des Prêcheurs…. On était donc à l’aise à Aix-en-Provence, le 22 juin, pour la sortie conventuelle, fort bien préparée et  guidée par le frère Joseph-Thomas Pini,  dont il fait le récit : « Le 22 juin, la communauté, organisé sa sortie conventuelle à Aix-en-Provence, voisine méconnue ou à mieux connaître pour une partie d’entre nous. Sitôt la messe célébrée au couvent, tous les participants, franchissant les obstacles perpétuels de la circulation diurne entre les deux villes, ont d’abord fait une rapide et sommaire promenade commentée dans le Vieil Aix, avec une brève visite de Saint-Jean-de-Malte, puis ils ont bénéficié d’une très belle visite guidée de la cathédrale Saint Sauveur et du commentaire, trop bref au vu de sa richesse et de sa beauté, du retable  du « Buisson ardent » de Nicolas Froment. Tous se sont rendus ensuite au village voisin des Milles pour le déjeuner, puis pour consacrer l’après-midi à une visite très détaillée et émouvante du site-mémorial du camp qui, de 1940 à 1943, occupa une ancienne et vaste tuilerie, d’abord pour des Allemands et des Autrichiens « ressortissants ennemis » (dont l’évasion d’une partie d’entre eux, intellectuels et artistes opposants au nazisme et réfugiés en France, fut organisée immédiatement après l’armistice par les officiers et soldats français gardiens, lors d’un convoi ferroviaire fantôme devenu célèbre), puis, sous la responsabilité du régime de Vichy, majoritairement pour des Juifs, y compris femmes et enfants, en attente de transfert à Drancy puis vers Auschwitz et d’autres camps. Le site, ouvert et aménagé pour les visites depuis 2012 seulement, rend compte avec fidélité des effroyables conditions de détention des internés, conserve les nombreux témoignages de la vie sur place ainsi que les traces artistiques qui font l’originalité de ce site, et honore aussi la mémoire de nombreux résistants et de Justes parmi les nations ayant apporté leur soutien et leur appui aux évasions et à la vie matérielle et morale, parmi lesquels est évidemment mentionné notre frère Joseph-Marie Perrin, ce qui rendait particulière la présence et la visite de la communauté de Marseille ».

Une richesse culturelle à découvrir bientôt

Le frère René Quan-Yan-Chui réalise et termine un important travail historique : « Profitant du confinement- je me suis remis- à un travail débuté il y a fort longtemps et remisé dans ses étagères : une bibliographie des livres sortis des presses du plus grand imprimeur lyonnais du 19eme siècle, Louis Perrin qui, après avoir dessiné des caractères, les avoir fait fondre, s’en est servi pour publier de très beaux ouvrages, typographiquement parlant. Il est le créateur des caractères dénommés augustales, participant de la sorte au développement de la renaissance elzévirienne, visant à concurrencer l’emprise des caractères Didot dans le monde de l’édition. Depuis le mémoire de L. Guillo sur Louis Perrin, la connaissance du monde de l’imprimerie à Lyon, spécialement des imprimeurs lyonnais particulièrement actifs en cette époque, a progressé mais pour ce qui est de Louis Perrin, comme nous ne disposons pas des archives de l’imprimerie qui ont disparu, seul l’établissement le plus large de sa production et les nombreuses illustrations à notre disposition, peuvent nous donner une idée, d’un point de vue esthétique, de l’activité d’un des maîtres de la typographie du 19eme siècle français : cela représente quand même un ouvrage format in-4° sur triple colonne et plus de 400 pages, probablement édité à La Thune… Ouvrage de pure bibliographie, néanmoins largement illustré, ce sera comme un  hommage à la création typographique, au monde du livre à travers un de ses plus illustres représentants ».