Et après ?

par 15 Août 20212021, Assomption, Homélies

fr_pavel

Et, après, qu’est-ce qui était après ? Vous savez, comme un enfant qui en écoutant une histoire veut en savoir toujours un peu plus – cette histoire le mène tel un petit chemin par lequel il court, toujours plus loin: et après, qu’est-ce qui s’est passé après ?

Après la Visitation, après le Magnificat ? Oh, il y avait beaucoup d’autres chemins: celui vers Bethlehem avec une naissance dans une crèche et les anges qui chantent, celui da la fuite en Égypte pour sauver l’Enfant-Dieu de l’horrible foi Hérode qui voulait sa mort… Et après, qu’est-ce qui était après ? Jésus grandit, il part prêcher sur les routes, et sa Mère le suit de loin, et puis il y a des miracles, et des guérisons, et les paroles d’une telle force que les morts reviennent à la vie… Et après ? Les ténèbres de la Passion, et la Croix – terrible, amère, plus amère que toute autre chose ici-bas, et Marie près la Croix de son Fils… Et alors ? Le froid de la tombe, et le grand silence, et les femmes qui viennent oindre le corps de Jésus… Et c’est tout, n’y y avait-il pas d’après ? Si. Une grande lumière de la résurrection, et la joie de ceux qui aiment Jésus, et leur prédication qui enflamme le monde, tel le feu qui cours à travers le champs. Et après ? Après vient ce que nous célébrons aujourd’hui : Marie, dans la gloire de son âme et de son corps entre dans la plénitude de la vie divine. Elle est auprès de son Fils, le premier ressuscité, et elle nous attend. Elle pose sur nous un regard de tendresse, et sa prière nous guide.

De notre humble terre monte vers elle l’antique bénédiction d’Élisabeth : Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni ! N’est-ce pas ce que nous redisons sans cesse dans notre prière du Rosaire ? Et Marie transforme notre pauvre prière en éternel chant de louange : Mon âme exalte le Seigneur… il renverse les puissants de leurs trônes et il élève les humbles !

Notre histoire ici-bas poursuit son cours: avec nos inquiétudes, nos joies, nos combats et nos peines, mais quand nous tournons vers elle notre regard, nous touchons au terme de notre voyage. En elle s’est accomplie la promesse faite à nos pères: nous vivrons pour Dieu, à jamais. La mort n’aura pas le dernier mort. Nos séparations, nos deuils, nos luttes passeront. L’amour demeurera. L’amour de Dieu pour nous – qui a tiré le monde du néant, qui nous a sauvé de l’esclavage du péché, qui nous porte à chaque instant – cet amour demeurera. Et notre pauvre amour en réponse, aussi fugitif et frêle soit il, est plus solide que ce monde. Le murmure incessant de bénédiction : tu es bénie entre toutes les femmes, et Jésus, le fruit de ton sein, est béni ! – ne cessera jamais, au-delà même des limites de cette création. Nous n’aurons plus à dire « et à l’heure de notre mort » quand à la suite du Christ nous rejoindrons Marie dans le monde des ressuscités, mais notre bénédiction et notre louange ne cesseront pas ! Et le chant de Magnificat ne cessera pas : Saint est le nom béni de Dieu et son amour s’entend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Ceux qui peinent sous le fardeau, ceux qui sont dévorés par l’inquiétude dans notre monde incertain, ceux qui souffrent de leur péché – nous tous venons vers ce murmure de bénédiction, venons vers ce chant de louange : aujourd’hui encore Dieu sauve.

Il guérit, il élève, il éclaire, il comblent de ses biens les affamés – Magnificat porte notre histoire au-delà de son terme terrestre, au-delà de l’immédiat.

Il est vital pour nous de nous redresser et relever la tête. Il est vital d’élargir notre horizon. Nous nous étouffons dans l’immédiat, dans le passager, dans ce qui ne nourrit pas, dans ce qui n’élève pas, dans ce qui n’existe pas vraiment. Il est vital pour nous de contempler Celle qui nous montre Jésus. Il n’y a rien de plus indispensable que de tendre, de toutes nos forces et de toute notre âme, vers Celle en qui la vie divine a accompli les merveilles. Pourquoi ? Parce que les mêmes merveilles doivent s’accomplir en nous ! Nous sommes faits pour Dieu, pour sa vie, pour la résurrection, pour le Magnificat. Nous ne sommes pas faits pour la poussière et la cendre, nous ne sommes pas faits pour le Dragon et ses mensonges, nous sommes à Dieu. Il veut faire de nous ses enfants d’adoption. Il nous a tant aimés, qu’il nous a donné son Fils Unique. Et Marie rend tout proche ce grand mystère de notre être.

Et après ? Avec l’Assomption, nous ne sommes plus dans l’après, nous sommes dans maintenant. Maintenant – tenons-nous sous son regard maternel. Maintenant – faisons nôtre la bénédiction d’Élisabeth. Maintenant – vivons de Dieu qui se donne dans cette Eucharistie. Maintenant, entrons dans le Magnificat.