Le plus grand commandement
« Quel est le grand commandement de la Loi ? » Voilà une question redoutable ! Il y en a 613, est-ce qu’il faut les prendre deux par deux pour les comparer ? Imaginez les questions que cela donne : Est-ce que « Tu n’accableras pas la veuve et l’orphelin » est plus important que « Tu n’imposeras pas d’intérêts » ? Est-ce que « Tu n’auras pas d’autres dieux que moi » est plus important que « Tu ne commettras pas de meurtre » ?
Mais nous ne pouvons pas seulement nous demander s’il vaut mieux être idolâtre que meurtrier ; ou persécuteur des veuves et des orphelins plutôt qu’usurier. Ce qui vaut mieux, c’est de n’être aucun des quatre !
Le problème de cette question, c’est que les Pharisiens considèrent tous les commandements sur le même plan. Ils les mettent côte à côte et cherchent seulement celui qu’il faudrait honorer plus souvent que les autres, un peu comme un premier parmi ses pairs. Ou bien ils cherchent ceux que nous pourrions ne pas trop suivre.
Mais, ce commandement le plus grand, n’est pas un commandement qu’il faudrait plus honorer. C’est ce qu’il faut honorer toujours. Ce double commandement de l’amour n’est pas un commandement comme les autres, c’est un commandement qui résume tout la vie droite. Toute la vie morale est incluse en lui. Chaque commandement, chaque bonne action se rattache et découle du double commandement de l’amour.
C’est d’ailleurs assez logique que tout se rattache à une histoire d’amour. L’amour est toujours à la base de notre action. Si j’agis, c’est parce que quelque chose m’attire. Je suis venu à la messe ce matin par amour. J’espère que c’était par amour de Dieu, mais même si je suis venu par amour de moi-même (par exemple parce que je veux m’éviter la punition que j’aurai en séchant la messe !), je suis bien mû par un amour.
Le désir est à la base de l’action et le bon désir est à la base des bonnes actions. Mais quel est ce bon désir ? Quel est ce bon amour ?
Le bon amour, c’est d’aimer ce qui est aimable, d’aimer ce qui est bon. Jésus vient justement de nous expliquer ce qui est aimable.
Qu’est-ce qui est à aimer ? Ce sont des personnes : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, ton prochain et toi-même. Ce qui est aimable en premier, ce sont les gens. Les choses, les objets, les idées, etc. ne sont pas aimés pour eux-mêmes, mais seulement par rapport à des personnes. Je n’aime pas mon téléphone pour lui-même – aussi perfectionné soit-il – mais parce qu’il me permet d’avoir des nouvelles de ma grand-mère.
Et ce double commandement de l’amour, ce n’est pas seulement d’aimer Dieu, son prochain et soi-même, mais aussi comment les aimer. Jésus nous dit : Aimez chacun à sa mesure, chacun selon sa bonté.
Dieu est infiniment bon, il faudrait donc que nous l’aimions à l’infini. Mais il nous est impossible d’avoir assez d’amour, alors nous l’aimons autant que nous pouvons aimer. Nous l’aimons « de tout notre cœur, de toute notre âme et de tout notre esprit ». Aimer Dieu comme Dieu.
Et les autres, les hommes, que ce soit mon prochain ou moi-même, nous les aimons à une mesure humaine : le prochain comme soi-même, c’est-à-dire comme un autre humain.
La difficulté c’est de connaitre cette bonne mesure de l’amour… et c’est pour cela qu’il y a les autres commandements. Chaque commandement est comme une balise. Toutes ces balises ensemble indiquent la voie à suivre. Ils aident à discerner ce qui est bon. Les commandements sont là pour nous aider à voir dans le concret ce qui est bon à faire, comment aimer Dieu, son prochain et soi-même. Chaque commandement vient préciser le double commandement de l’amour pour telle ou telle situation. Ils développent ce qui est contenu dans le double commandement de l’amour.
C’est vrai des commandements de Dieu, c’est vrai des commandements de l’Église et cela doit aussi être vrai pour les commandements que nous donnons… (avis aux parents !)
Finalement, tout cela est fait pour que nous nous demandions encore et sans cesse : « Qu’est-ce que je désire ? Après quoi est-ce que je courre ? Qu’est-ce que je cherche à atteindre ? » et, une fois que nous avons trouvé ces objets de notre amour, de nous aider à voir si nous avons raison d’aimer cela et de l’aimer ainsi.