Regard sur l'Orient
Notre frère Jean-Marie MÉRIGOUX nous dit quelques mots sur l’Orient
Comment est né ton lien avec l’Orient ?
Alors que j’étais encore étudiant à Marseille, j’y ai découvert le monde arabe, oriental et maghrébin. J’allais souvent participer aux liturgies maronite ou melkite et je travaillais avec les Sœurs Blanches au bidonville de Sainte-Marthe où les familles arrivant d’Afrique du Nord étaient nombreuses : c’était en 1957, avant mon entrée au noviciat de Saint Maximin.
Comment ce lien s’est-il développé?
Dans l’Ordre de saint Dominique il y a un lien fort et ancien avec l’Orient. C’est donc, presque naturellement, qu’il m’a été permis, dès le Studium de Toulouse, de continuer à étudier la langue arabe et de bénéficier aussi des visites qu’y faisait le père Anawati, directeur et fondateur au Caire, de l’Institut Dominicain d’Etudes Orientales (IDEO). Après mes études toulousaines, je fus envoyé à Alger et à Beyrouth pour une étude intensive de la langue arabe. Ce furent alors pour moi, plusieurs années en Irak, à Mossoul, où depuis longtemps, les Dominicains étaient au service des communautés chrétiennes. Ce furent ensuite, 22 années au Caire, à l’IDEO, où les Dominicains, par leurs recherches et leurs études, sont au service de la rencontre entre les cultures et du dialogue islamo-chrétien dans ses dimensions intellectuelles et religieuses. De 1967 à 2007, j’ai donc vécu dans le monde arabe lui-même avant de revenir à Marseille, si bien surnommée la « Porte de l’Orient ».
Quels sont tes liens actuels ?
Ce sont toujours les mêmes liens ! Je suis en liaison avec l’IDEO du Caire et avec ce qui se vit en Irak. A Marseille, je ne cesse de rencontrer des chrétiens venus d’Irak, de Turquie, de Syrie et du Liban, et de collaborer à la vie des paroisses orientales, surtout celle des Chaldéens et des Syriens-catholiques, de même que je réponds à des demandes de l’Œuvre d’Orient visant à faire mieux connaitre l’Orient chrétien. Quant à la langue arabe, la deuxième langue parlée à Marseille, je constate sans cesse à quel point elle permet bien des rencontres amicales avec les musulmans de la ville.
Quels sont tes souhaits dans ce dialogue ?
L’un de mes souhaits c’est que l’on mesure bien l’importance de la rencontre entre monde chrétien et monde musulman qui va aller en se développant en Europe car elle pose souvent des problèmes difficiles pour les communautés chrétiennes. Au début de l’Ordre dominicain on demandait souvent aux frères d’étudier la langue arabe afin de mieux pouvoir vivre dans des ambiances marquées par la présence musulmane. Alors, au XXI° siècle faudrait-il faire de même ? La présence des chrétiens d’Orient dans nos sociétés occidentales pourrait être aussi une aide pour nous si nous savions mieux profiter de leur longue expérience de vie parmi les musulmans.